Car Life
Toutes les Ferrari de l’histoire [années 60]

Longtemps, une Ferrari pouvait se résumer à un moteur qui chante comme une diva, installé dans une sublime carrosserie. Des autos délicieusement imparfaites, ce qui est normal puisqu’il ne s’agissait que de voitures de course contrariées.

400 Superamerica

 1960-1963 – 47 exemplaires – V12, 340 ch – 280 km/h– Cote 2015 : 1 000 000 €

Le monde à l’envers. Entre le styliste Battista Pininfarina et l’ingegnere Enzo Ferrari, le plus audacieux techniquement n’est pas celui que l’on croit. Ainsi, c’est le designer qui, le premier, se préoccupa des contraintes aérodynamiques. Cette 400 en marque les prémices, avec des phares abrités derrière deux bulles de plexiglas et une partie arrière extrêmement fuyante et profilée. Comment le commendatore voyait-il cette évolution ? Il est fort probable qu’il n’en avait que faire, lui qui déclarera plus tard : « l’aérodynamique est la science nécessaire de ceux qui ne savent pas faire moteur ». Ou « qui ne savent pas conduire » aurait-il pu ajouter à l’adresse des pilotes modernes. Comme quoi, même les plus grands peuvent dire de grosses âneries.

250 GTE 2+2

1960-1963 – 953 exemplaires – V12, 240 ch – 230 km/h – Cote 2015 : 270 000 €

Voilà un événement dans l’histoire de la marque. En acceptant de produire une auto capable de transporter quatre occupants et non plus deux, Ferrari explore un marché au potentiel infiniment plus important. A noter que la toute première 166 Inter était vendue comme une deux places, mais que deux strapontins arrière permettait d’accueillir deux enfants. Et le test s’avère plus concluant que les prévisions les plus optimistes : près de 1 000 voitures vendues ! Ce n’est que justice, car l’auto, magnifique malgré les nouvelles contraintes d’habitabilité, brille dans tous les domaines, notamment le confort et la tenue de route. Bêtement boudée par les collectionneurs (comme toutes les 2+2 de la marque), elle constitue donc aujourd’hui un excellent investissement.

250 GT Lusso

1962-1964 – 351 exemplaires – V12, 250 ch – 240 km/h – Cote 2015 : 900 000 €

La préférée d’Enzo. Dernière de la lignée 250, elle est forcément la plus aboutie. A l’origine, il s’agissait de la version routière de la GTO, qui deviendra la légende que l’on sait. Considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de Pininfarina, elle offrait à son pilote une rigueur de conception sans faille, et pour tout dire, assez inédite chez Ferrari. La raison tient essentiellement au fait que cette dernière 250 a été conçue dès le départ comment une voiture de route, et non comme un simple dérivé de la course.

330 GT 2+2

1964-1967 – 1 080 exemplaires – V12, 300 ch – 240 km/h – Cote 2015 : 100 000 €

Depuis quelque temps, Ferrari a compris qu’il ne suffisait pas de gagner des courses pour vendre des voitures. La concurrence ayant fortement progressé, y compris du côté des constructeurs généralistes, avec la Mercedes 300 SL et la Ford GT40, il fallait également que les modèles de route démontrent d’incontestables qualités. Surtout à ce niveau de tarif. Car rappelons-le, les Ferrari ont toujours été proposées à des tarifs exorbitants, même à cette époque. Et pour la deuxième fois en deux expériences, le concept 2+2 va se traduire par un immense succès commercial, la 330 dépassant le millier d’exemplaires vendus. Tant qu’à manger son chapeau (les 4 places ne trouvaient pas grâce aux yeux du commendatore), Enzo accepta que la climatisation ou la direction assistée soient disponibles en option.

275 GTB

1964-1966 – 453 exemplaires – V12, 300 ch – 265 km/h – Cote 2015 : 950 000 €

La 275 hérite de la lourde mission de succéder à la lignée des 250. Question style, Pininfarina fait encore mouche. D’ailleurs, laquelle de ses œuvres a-t-elle déjà déçu ? Pour la technique, petite révolution, avec l’adoption des roues indépendantes. Les dernières versions (GTB/4) recevront également pour la première fois une évolution moteur avec quatre arbres à cames en tête, permettant au V12 de gagner 20 chevaux, mais surtout du couple à bas régimes.

500 Superfast

1964-1966 – 36 exemplaires – V12, 400 ch – 280 km/h – Cote 2015 : 1 200 000 €

C’est la deuxième fois qu’un Ferrari atteint 400 chevaux et s’approche des 300 km/h. Des vitesses très théoriques dans la mesure où aucune route de l’époque ne permettait vraiment de les vérifier. Equipée du  V12 Lampredi, la Superfast se veut la reine de la route, au sommet de la gamme. Sa conception est donc très différente de celle des autres modèles de la gamme dont les gènes viennent de la compétition. Ce gros coupé volumineux est lourd et se veut plus prestigieux que réellement sportif. D’ailleurs, son tarif était exorbitant : deux fois le prix d’une 250 déjà très chère ! Il s’en écoulera tout de même 36 exemplaires, tous fabriqués entièrement à la main et dotés d’une finition très soignée.

365 Spyder California

1966-1967 – 14 exemplaires – V12, 320 ch – 245 km/h – Cote 2015 : 2 200 000 €

Méconnue, très loin de l’empreinte laissée par la California précédente (la vraie ?!), la 365 Spyder est née entre deux époques. Celle du style classique d’après-guerre et des lignes futuristes et anguleuses typiques des années soixante-dix. Le résultat n’est pas déplaisant, mais ne fera pas date. Le comportement général trop bourgeois de cette lourde voiture n’était pas non plus à la hauteur. Résultat, seulement 14 exemplaires vendus.

330 GTC/GTS

1966-1967 – 699 exemplaires – V12, 300 ch – 245 km/h – Cote 2015 : 400 000 €

Au mitant des années soixante, la scuderia Ferrari est engagée dans pratiquement tous les programmes de compétition. La soif de victoires et de titres du commendatore semble sans limite : Formule 1, 24 H du Mans, Tour Auto, Mille Miglia et même les grandes courses américaines. Une folie financière qui oblige les ateliers de Maranello à produire toujours plus d’exemplaires. Ainsi, le rôle des modèles de route dans l’entreprise évolue vers une notion d’investissement : dépenser beaucoup d’argent dans leur conception permet d’augmenter leurs ventes, donc les profits de la marque, donc les budgets destinés à la course. C’est ainsi que Ferrari a toujours pu se mesurer sans le moindre complexe à des géants comme Alfa Romeo (à l’époque), Mercedes, Ford ou plus récemment, Renault. Un luxe que Porsche était incapable de se permettre à l’époque, y compris dans les années soixante-dix et quatre-vingt, où la marque de Stuttgart devait trouver de généreux sponsors pour s’aligner en course dans de bonnes conditions. Ainsi, cette 330 GTC, succédant à la 250 GT Lusso a été pensée pour la clientèle et non pas seulement selon les goûts d’Enzo. Une excellente voiture au demeurant.

Dino 206 GT/246 GT

1967-1974 – 3 905 exemplaires – V6, 195 ch – 245 km/h – Cote 2015 : 270 000 €

Ah, que n’a-t-on écrit sur la Dino ! La controverse ne portait jamais sur les voiture elle-même d’ailleurs, mais sur des considérations politiques, émotionnelles ou de principes. L’histoire commence par une incroyable statistique : Ferrari aura produit exclusivement des moteurs V12 pendant 27 ans. Pas le moindre V6 ou V8 durant cette période, sauf pour cette 246… qui de fait, n’a jamais porté l’emblème au cheval cabré, mais le logo Dino, du fils d’Enzo disparu en 1956. Ce qui amène à une autre controverse. On savait l’ingegnere réfractaire au moteur arrière, plus encore après l’arrivée de la Miura, et il aura baptisé la première de sa gamme du nom de son fils chéri. Etrange décision, même si Dino Ferrari était un brillant ingénieur qui commença à travailler sur un 6 cylindres. Résultat, la voiture fut considérée comme une honte par les puristes, qui une fois de plus, firent preuve d’une versatilité confinant à la bêtise, puisqu’une Dino cote aujourd’hui plus que nombre de  « vraies » Ferrari, aux alentours des 300 000 €.

365 GT 2+2 

1967-1971 – 801 exemplaires – V12, 320 ch – 245 km/h – Cote 2015 : 150 000 €

Et voici la Ferrari la plus longue de l’histoire. Avec 4,98 m (une LaFerrari mesure 4,70 m), la 365 GT doit « en mettre plein la vue », dans la même logique que la Superfast qu’elle remplace. Du coup, les deux passagers arrière disposent d’un bel espace pour les jambes, mais pas pour la tête, qui cogne contre la lunette ; l’ingénieur « Ergonomi » ne travaillait pas encore chez Ferrari. Toujours dans un souci de vitrine technologique, la 365 recevait une suspension oléopneumatique, inédite sur une sportive, et une direction assistée hydraulique. Immense succès commercial pour une auto de ce prix.

365 GTB/4 Daytona

1968-1973 – 1 285 exemplaires – V12, 352 ch – 280 km/h – Cote 2015 : 480 000 €

Ah, qu’Enzo Ferrari était têtu. Tant mieux, car sinon, nous n’aurions jamais eu la Daytona. Après avoir cédé à la révolution du moteur arrière en Formule 1, puis au Mans sous la pression de ses concurrents (et des mauvais résultats des voitures de la scuderia à moteur avant), il s’entêta à conserver sa vieille architecture pour les modèles de série. Plus pour des questions de principe, que technique. Car sur la route, un certain Ferrucio Lamborghini, constructeur de tracteur de son état, venait de présenter un chef d’œuvre avec la Miura dont la mécanique était bien sûr implantée à l’arrière. Mais après avoir affirmé pendant des années que « le cheval tire la charrue, il ne la pousse pas », Ferrari ne pouvait pas changer d’avis trop rapidement. C’est ainsi que fut présentée la Daytona en 1968, avec pour principales qualités une tenue de cap royale et une certaine efficacité en grande courbe. En revanche, dépourvue de direction assistée (avec un V12 posé sur le train avant, il fallait oser !), la belle se transforme en camion sur routes sinueuses.

365 GTC

1968-1970 – 173 exemplaires – V12, 320 ch – 245 km/h – Cote 2015 : 420 000 €

Une énigme. Présentée en pleine vague de voitures futuristes qui vont marquer le style des années soixante-dix, la 365 GTC affiche une magnifique carrosserie, mais typée années cinquante. Imaginez qu’à l’époque, la Miura avait déjà deux ans. Par ailleurs, on n’a jamais bien compris où elle se trouvait dans la gamme par rapport à la Daytona. Au final, un échec commercial, et comme souvent, une revanche sur la marché de la collection puisque la voiture est rare.

Spyder 365 GTS/4 

1969-1973 – 123 exemplaires – V12, 352 ch – 260 km/h – Cote 2015 : 1 800 000 €

La Daytona Spyder est un excellent investissement. Sa cote actuelle peut-être estimée à moins de 2 millions d’euros alors qu’elle est extrêmement rare, mythique et passionnante à conduire. Si vous avez les moyens, foncez ! Attention aux fausses anecdotes : immortalisée dans la série Miami Vice, il s’agissait en réalité d’une Pontiac Fiero recarrossée.



>