Et voici les plus belles routes d’Europe. Tellement sinueuses pour certaines, que la limitation à 80 km/h est inatteignable ! Tellement rapides pour d’autres, que la tentation d’y rouler à 300 km/h est d’autant plus forte, qu’elle est légale. Quand le chemin compte plus que la destination…
Roumanie : Transfagarasan
Oui, des montagnes en Roumanie. Dans les Balkans. La Transfagarasan est méconnue chez nous, et pas seulement du fait de son nom imprononçable et impossible à mémorise, mais célèbre chez tous les amateurs d’automobile de cette région d’Europe. On la croirait dessinée spécialement pour le pilotage, dessiner des courbes, mais la Transfagarasan ne fait qu’épouser les contours d’un relief formidablement tourmenté entre les monts Fagaras, dans le sud des Carpates. Après l’avoir empruntée, vous n’aurez qu’une envie : la reprendre dans l’autre sens. Puis à nouveau dans le sens initial. Evidemment, réaliser le périple en Lamborghini ne peut que rendre l’exercice encore plus savoureux dans un pays où les gens sont fans d’automobile, et pas que de Dacia.
Norvège : la Route de l’Atlantique
Inaugurée en 1989 et longue de 8,3 km, la route de l’Atlantique, ou Atlanterhavsveien, est une véritable pépite. Reliant un chapelet de petites îles à travers six ponts, elle longe le littoral et laisse apercevoir un environnement à couper le souffle constitué de fjords et de montagnes. Une véritable aimant à touristes, à découvrir bien sûr aux allures les plus paisibles, même à bord d’une Ford GT. Quant aux poids-lourds, ils doivent composer avec certains toboggans pas très orthodoxes.
Corse : partout
S’il est un endroit au monde où il fait bon rouler – du moins hors-saison touristique – c’est bien la Corse. Entre les routes étroites à flanc de falaise et au bord du précipice, et les panoramas grandioses surgissant au détour d’un virage, on prend réellement un immense plaisir au volant. Inutile toutefois d’adopter un rythme trop rapide. De toute façon, il est impossible d’atteindre 50 km/h de moyenne. Du Cap Corse à Bonifacio, la route côtière compte -mis bout à bout- près de 1 000 km qui donnent toute leur saveur à cette délicieuse notion du « voyage en automobile ». La palme revient au tronçon Calvi-Porto, qui concentre ce que l’on peut trouver de plus beau, en paysage, de spectaculaire en panorama et de plus technique en pilotage. Avec de bons pneus et de bons freins, de préférence. Depuis quelques temps, le Tour de Corse Historique permet aux amateurs de rouler à fond au volant de voitures anciennes.
Allemagne : autoroutes (certaines)
Dès les premiers kilomètres sur autobahn, l’automobiliste français est frappé par les vitesses adoptées. Ici, ça roule ! Et le chemin inverse (qui consiste de passer de l’Allemagne à la France) est encore plus saisissant, puisque rouler en toute légalité à 250 km/h du côté allemand vous enverra directement en prison une fois la frontière franchie. Les grosses berlines diesel dominent les débats, occupant la file de gauche avec autorité, mais sans agressivité, tandis que les conducteurs les plus lents prennent toujours soin de bien regarder dans leurs rétroviseurs avant de déboîter. Bref, ici on sait rouler. Mais attention à garder la tête froide. Sur les portions limitées (près de la moitié du réseau en réalité) ou sous la pluie (110 km/h), la Polizei veille au grain, souvent dans des berlines banalisées, et ses représentants ne font aucune fleur au contrevenant. Par ailleurs, le réseau n’est pas en très bon état et souvent en travaux.
Italie : Col du Stelvio
Second plus haut col routier de toutes les Alpes après l’Iseran, le Stelvio culmine à 2 758 mètres (on chipote, l’Iseran ne fait que 12 mètres de mieux). Il est particulièrement apprécié des automobilistes et des motards pour les 60 virages qui agrémentent son versant nord, où l’on affine ses trajectoires dans un panorama époustouflant. Comme une évidence, Alfa Romeo a baptisé son SUV du nom de cette fierté nationale. Mais on peut y briller en Porsche, comme ici, ou tout autre marque sportive. En tout cas, il est le plus photogénique du monde, vu bas comme d’en haut.
Norvège : la route des Trolls
Autre attraction norvégienne, l’étroite Route des Trolls offre un dénivelé de 9% et pimente le parcours avec pas moins de onze virages en épingle à cheveux. Vertigineuse et uniquement protégée par de petits murets, elle promet des sensations fortes aux voyageurs. Un panorama somptueux vous attend au bout, avec notamment une chute d’eau de 320 mètres et un promontoire installé dans le vide pour une sensation de vertige digne du Grand Canyon. Pour pimenter le tout, les rênes, fort nombreux dans la région, viennent saluer l’automobiliste parfois d’un peu trop près. Ouverture estivale uniquement.
Suisse : Col de la Furka
Encore les Alpes, mais cette fois-ci du côté Suisse. Une route spectaculaire, technique, avec également quelques passages rapides, forcément effrayant à ces altitudes. Peu de gens le savent, mais le Col de Furka a été immortalisé il y a plus d’un demi-siècle dans Goldfinger, troisième volet des aventures cinématographiques d’un certain James Bond, où se sont donc déroulées les premières poursuites en voitures de l’histoire du célèbre agent. Le Col de la Furka promet de grands moments, même si vous n’êtes pas à bord d’une Aston Martin DB5.
Allemagne : Nürburgring
Un circuit dans un palmarès des plus belles routes ? Pas tout à fait. Déjà, le Nürburgring ne s’appelle pas circuit, mais Ring (anneau) ou Nordschleife (boucle nord, par opposition à la partie sud qui accueille le Grand Prix de Formule 1 et qui est une véritable piste). Ensuite, on y accède avec n’importe quelle automobile, sans qualification de pilote particulière (le permis de conduire suffit), en y réglant son droit de passage, comme sur une autoroute payante. Attention toutefois de consulter votre assureur pour être certain d’être couvert car il s’agit d’une enceinte privée. Enfin, son tracé est bien celui d’une route, et c’est ce qui en fait un lieu mythique, quand on pense que les pilotes de Formule 1 y tournaient à 300 km/h au milieu des arbres et au bord des précipices. Depuis, le tracé de 20,8 km a été entièrement ceinturé de rails de sécurité, mais il ne fait pas bon y sortir de la route quand même. Un monument de 73 virages.
France : route de la Bonette
La nuance est subtile. Si le col de la Bonnette, avec ses 2 715 m, n’est que le quatrième plus haut d’Europe (devancé par l’Iseran, le Stelvio et Agnel), la petite route qui permet de faire le tour de la cime culmine à 2 807 m et affiche donc l’altitude la plus élevée accessible en voiture sur le vieux continent (37 mètres de mieux que le Col de l’Iseran). Au-delà des statistiques, l’environnement est assez vertigineux, puisque peu de station de ski atteigne de telles altitudes. La route de la Bonette constitue un haut lieu de pèlerinage pour les motards, uniquement en été bien évidemment.
Espagne : les Bardenas
Le Grand Canyon ? La Namibie ? L’Afrique du Sud ? Non, le désert des Bardenas, en Espagne. Lieu idéal pour tourner des western spaghettis, cette grande étendue aride et sablonneuse fait le bonheur des amateurs de conduite tout-terrain, mais aussi des amoureux de la nature qui découvrent bouche-bée un panorama digne des grandes étendues de l’Arizona. Les adeptes de la glisse, eux, qu’ils soient motards ou en auto, s’y rendent spécifiquement pour des séances type Dakar, mais à moins de 200 km de Biarritz. Prévoir un gros nettoyage du châssis au retour, la poussière se loge absolument partout.
France : Col de Turini
Lieu de légende pour les amateurs de sport automobile, le col de Turini est connu pour accueillir la dernière nuit du Rallye de Monte-Carlo, celle où il se passe toujours quelque chose. La tradition un peu bête veut que les spectateurs, qui passent la nuit à se geler, jettent des boules de neige aux concurrents qui passent au sommet du col, éclairé pour l’occasion. Au-delà de l’anecdote, le Turini reste un juge de paix pour les professionnels (la route est souvent sèche en bas et enneigée au sommet), mais aussi pour les pilotes du dimanche, qui peuvent conjuguer ici conduite et séance de musculation, tant les enchaînements d’épingles se succèdent à un rythme de métronome.
Ecosse : les Highlands
Si la Grande-Bretagne possède l’une des densités de population les plus fortes d’Europe, et donc des routes fort encombrées, tout là-haut, au nord de l’île, et même au nord de l’Ecosse, subsiste des étendues désertiques où le temps semble s’être arrêté. Ni fantôme, ni monstre du Loch Ness, mais des routes étroites et rapides, forcément souvent humides, mais où la visibilité est bien dégagée. Attention de ne pas oublier qu’ici, on roule à gauche, après être resté de nombreux kilomètres sans croise âme qui vive. Paysages et lumières absolument sublimes, accueil chaleureux.
Islande : la Route 1
Un parcours pour les amoureux de la nature, plus que du pilotage : plus de 1 300 km qui font exactement le tour de l’Ile. Le tracé de la route n’a pas grand intérêt, mais les paysage en mettent plein les yeux et concentrent tout ce que l’on est venu chercher en Islande : cascades, rivières d’eau chaudes, volcans, lagunes glacières, et bien sûr, baleines, phoques et aurores boréales. Mais contrairement à autrefois, le tourisme s’est tellement développé en Islande qu’il faut sortir de la Route 1 pour retrouver l’ambiance désert du nord caractéristique de l’île.
France : Col de l’Iseran
Le voilà, le plus haut col d’Europe, à 2 770 m : sa majesté Col de l’Iseran. L’hiver, c’est carrément une piste de ski du domaine de Val d’Isère. L’été, une route qui permet de rejoindre le glacier du Pissaillas et son ski d’été, mais aussi de relier les deux grandes vallées de la Maurienne et de la Tarentaise, le long de la frontière avec l’Italie. Grand classique des trans-alpes auto et surtout auto, la départementale 902 impose respect et prudence car la route n’est pas toujours sécurisée et il faut souvent évoluer au bord du vide, sans la moindre barrière, que ce soit du côté de Val d’Isère comme de Bonneval sur Arc.