Thierry Soave
Road trip : Made in France

En ces temps troublés, la chose ne sauterait, ni aux yeux, ni aux antennes d’un Martien débarqué dans un kiosque à journaux ! Pourtant, la France demeure la terre d’une excellence que le monde nous envie. En route pour un tour de démonstration de tout ce qui fait de nous des champions du monde, en Citroën DS5.

Un rapide coup d’œil à la presse économique suffit à le constater : les plus beaux fleurons du pays, ceux du CAC  40, réalisent l’essentiel de leurs profits hors de nos frontières. Total, L’Oréal, Renault, Alstom, Air liquide, industriels mais aussi banquiers, assureurs ou prestataires de services, tous sont allés chercher la prospérité de plus en plus loin du code du travail le plus touffu du monde, des réglementations multiples et tatillonnes de tout poil, du principe de précaution à toutes les sauces et d’une fiscalité dont l’instabilité chronique et légendaire amuse ou réjouit nos voisins.

Cet état des lieux ne rend finalement que plus méritoires les manifestations du génie français qui continuent à éclore ou à prospérer sur notre territoire. Et si certaines, liées à un terroir, sont naturellement « indélocalisables », d’autres sont l’aboutissement de savoir-faire uniques et copieusement copiés.

C’est à leur rencontre que Car Life est parti, depuis Paris, pour un tour de France à bord d’une Citroën DS5 Hybrid, représentante d’une certaine idée du haut de gamme automobile à la française. Une auto relativement compacte, à la ligne originale, peut-être un peu tourmentée,  mais assurément décomplexée face à des références allemandes qu’elle se garde bien d’attaquer de front. A bord, elle continue de surprendre à travers des choix stylistiques inspirés de l’aéronautique. Le soin apporté aux assemblages et la qualité globale des matériaux sont à la hauteur des ambitions récentes de la marque. Avant de prendre la route, brève escale au 24, rue du Faubourg Saint-Honoré, à Paris, siège d’Hermès depuis 1880.

Paris VIIIe – Hermès : de toutes les matières…

Parmi toutes les maisons de luxe implantées dans la capitale, Hermès demeure la vraie gardienne du bon goût français, même si elle réalise aujourd’hui, comme toutes les autres,  la majorité de ses florissantes affaires hors nos frontières. Mais, contrairement à ses concurrentes, qui tendent à adapter chaque jour un peu plus le style de leurs produits aux goûts volontiers tapageurs des manga girls tokyoïtes, des Shéhérazade du pétrole ou des tycoons chinois, la marque incarne une vision bien française du luxe, discrète plutôt que voyante, ce qui ne veut pas dire triste ou conservatrice. Plongez-vous, pour vous en assurer, dans les collections de carrés de soie maison, peints par des artistes du monde entier. Sur les 45 sites de production de l’enseigne, 34 sont implantés sur notre sol : sellerie, la spécialité historique de l’entreprise familiale fondée en 1837 par Thierry Hermès, qui sa ajouté au fil des ans toutes les spécialités du secteur à son activité : maroquinerie, soierie, cristallerie, argenterie… Hermès croit à la symbiose du travail d’artisans passionnés et des plus nobles matières. Simple comme l’élégance.

Hermès en chiffres

  • 3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires
  • Une marge supérieure à 30 %
  • 45 sites de production dont 34 en France
  • Des résultats 2013 attendus en hausse

Après cet indispensable préalable dans les beaux quartiers de Paris et une halte photo avenue Montaigne, afin d’illustrer les autres grandes marques de luxe françaises (Chanel, Vuitton…), nous prenons la route en direction du Sud pour quelques étapes toutes plus agréables les unes que les autres. Dès les premiers kilomètres, l’auto déconcerte par la raideur de son amortissement. Assez désagréable sur mauvais revêtement, ce défaut majeur permet à la DS5 d’enchaîner les courbes avec aisance. Sous le capot, on retrouve une spécificité bien locale, un moteur diesel/hybride cumulant 200 ch. En théorie, il est possible de rouler durant… 4 km en mode 100 % électrique, à condition d’avoir le pied particulièrement léger. En réalité, les bienfaits de l’hybridation sont perceptibles de façon plus globale, au moment de passer à la pompe : la DS5 Hybrid constitue l’une des voitures haut de gamme les plus économiques du marché. Sur ce point, elle est à l’opposé de tout ce que nous allons continuer à découvrir durant notre périple.

Vosne-Romanée, Côte-d’Or – romanée-conti : au compte-gouttes

Issu d’une terre en pente douce du village de Vosne-Romanée, le romanée-conti est tout simplement le vin le plus recherché du monde, que l’argent seul ne suffit pas à acquérir dans la première boutique venue. Un peu comme ces Ferrari d’exception dont seuls les vieux clients maison peuvent devenir les possesseurs.

De ce clos ceint d’un muret gris, grand comme deux terrains de football, sortent chaque année 6 000 flacons. Assez rares pour que leur producteur annonce chaque millésime à l’unité près, quand la concurrence compte vulgairement en hectolitres : 3 151 bouteilles en 2008, 6 917 en 1999. L’énormité de la variation résulte des effets combinés de la météo et d’une sélection drastique des raisins mis à la fermentation. L’année 1945, désastreuse, n’a donné que 600 flacons, dont l’un a atteint récemment… 87 000 € lors d’une vente. Le principe de commercialisation de la société familiale propriétaire du domaine, qui exploite 25 hectares des meilleurs climats de Bourgogne, octroie une bouteille de romanée-conti à l’acquéreur de 11 bouteilles issues des autres nectars de la maison, tous exceptionnels.

A l’unité, un romanée-conti d’un millésime courant réclame entre 8 000 et 9 000 €. L’ancienne propriété du prince de Conti est exclusivement plantée de pinot noir. Sa renommée est telle que les faussaires s’intéressent régulièrement à son cas : un réseau italien a été mis hors d’état de nuire après avoir vendu 400 fausses bouteilles pour 2 millions d’euros. Triste rançon de la gloire.

Le romanée-conti en chiffres

  • Une production exclusive de 6 000 bouteilles par an
  • 87 000 € pour un millésime 1945
  • De 8 000 à 9 000 € les 75 cl en moyenne
  • Une cote en hausse de 54 % sur les cinq dernières années

Saulieu, Côte-d’Or – Relais Bernard Loiseau : étoiles et stars

Certainement l’établissement gastronomique le plus connu en France. Pour la qualité de sa cuisine (trois étoiles Michelin, évidemment), et pour son histoire. Celle d’un homme dévoré par l’ambition, mais heureusement doté d’un authentique génie culinaire. Bernard Loiseau a créé un petit empire, réputé dans le monde entier, lui-même ayant fait la une de Paris-Match comme celle du New York Times. Disparu il y a dix ans dans des circonstances dramatiques, le chef laissera en héritage un savoir-faire et une marque qui perdurent grâce à son ancien second, Patrick Bertron, aux fourneaux. Repris par son épouse, Dominique, le restaurant continue d’attirer chefs d’état, stars en tout genre, et, surtout, une clientèle de fins gourmets jamais déçus par l’extraordinaire variété de la carte, plus riche que celle de la plupart des autres trois étoiles. Une excellence à la française souvent difficile à rentabiliser : on compte en cuisine pratiquement un salarié pour un client !

Le Relais Bernard Loiseau de Saulieu en chiffres

  • Menu : de 70 € (semaine) à 215  €
  • 107 salariés
  • Chiffre d’affaires 2012 : 9,56  millions d’euros (5 établissements + produits dérivés)
  • Résultat net 2012 : 113 000 €

Grasse, Alpes-Maritimes – Chanel : le plein d’essences

Au XIIe siècle, incroyable paradoxe, la capitale des parfums se consacrait à l’une des activités les plus fétides du monde : la tannerie. Avant de découvrir que son climat exceptionnellement doux la destinait par excellence à la culture des fleurs et à l’extraction des subtilités de leurs fragrances, devenues la spécialité reconnue de la ville au début du XIXe.

Rose centifolia, iris, tubéreuse ou jasmin, les plus grands parfumeurs de la planète ne jurent encore que par les essences tirées de ces fleurs cueillies à la main sous les cieux lumineux de Haute-Provence. La concurrence des essences synthétiques fait rage ? Qu’importe. Grasse demeure l’un des hauts lieux de la production mondiale d’essences naturelles réservées aux parfums d’exception. Pour son N° 5, Chanel n’utilise que des roses issues d’un même champ dont elle est propriétaire. Depuis plus de trois cents ans, la région développe ainsi son savoir-faire dans cet art hautement complexe. Au fil du temps, elle s’est dotée des équipements les plus pointus et peuplée des meilleurs spécialistes de la chimie délicate des arômes qui travaillent pour la cosmétique et l’industrie agroalimentaire.

Chanel en chiffres

  • Une tonne de pétales donne 300 g d’essence de rose
  • 70 entreprises
  • 3 600 salariés
  • Chiffre d’affaires 2012 : 2,6 milliards d’euros

Ramatuelle, Var – Hôtel La Réserve : terre, air, mer, sans modération

Parmi les 253 hôtels de France officiellement distingués par le label 5 étoiles et les 12 bénéficiaires de l’appellation « palace », La Réserve occupe, loin du tumulte des villes, une place à part. Ici, point d’immeuble classé ou de bâtisse rococo. Caché dans une garigue plongeant dans la Méditerranée, à quelques encablures du Cap Taillat et des plages de Pampelonne, avec d’actives cigales pour uniques voisines, l’établissement, succursale d’un palace genevois, se compose d’un ensemble de 12 villas disséminées dans un parc somptueux et d’un ensemble de 28 chambres et suites aux volumes généreux, décorées par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, chacune dotée de son jardin privé.

Lignes épurées, tons ocre, décorations claires, tout ici vous pousse à jouir sans modération de l’air marin piquant, de la profusion de soleil et de la vue imprenable sur les flots bleus. Ajoutez à cela un service efficace et discret, un restaurant qui domine le large, et vous aurez tôt fait d’oublier qu’il faut s’y prendre avec une sérieuse avance pour profiter de ce paradis en pleine nature.

La Réserve en chiffres

  • Admis en juin dernier au club des Palaces français
  • 28 chambres et suites de 45 à 100 m2
  • 800 m2 de spa
  • 12 villas
  • A compter de 1 800 € la nuit

Toulouse, Haute-Garonne – Airbus : aluminium, carbone et tuiles romaines

Descendant direct des fleurons de l’aéronautique française, Latécoère puis Sud Aviation, qui glanèrent leurs lauriers à l’ombre des célèbres tuiles roses, Airbus est devenu en quarante-quatre ans le premier constructeur mondial d’avions civils de plus de 100 places, avec 13 527 appareils commandés et 8 134 machines livrées. Ce grâce à une gamme moderne et complète, qui va du plus gros avion de ligne jamais construit, l’A380 (525 places), à la famille des court-courriers A320. S’y est ajoutée une offre militaire, avec un quadrimoteur de transport européen et un ravitailleur en vol dérivé de l’A330.

Airbus peut se targuer d’avoir marqué l’histoire de l’aviation civile à travers des avancées technologiques qui ont conduit vers des appareils plus silencieux et moins voraces : bimoteurs gros porteurs (1969), pilotage à deux (1981), commandes de vol électriques (1987), utilisation de pièces composites. Comme en témoignent les derniers succès enregistrés à Dubaï, la compagnie semble parfaitement armée pour profiter de l’énorme expansion du trafic aérien.

Airbus en chiffres

  • Numéro 1 mondial de l’aviation civile
  • Chiffre d’affaires 2012 : 50 milliards d’euros
  • Résultat net : 1 milliard d’euros
  • 133 000 salariés dans le monde

Navarrenx, Béarn : le royaume du cigare à la française

Le pays du bon roi Henri cultive le tabac depuis le XVIIe siècle. C’est donc logiquement sur ce terroir, à Navarrenx, qu’est née en 2005 la seule manufacture française de cigares d’exception. Les «  Navarre  » y sont roulés à la main par une équipe de torcedoras (rouleuses) cubaines à partir de tabacs cultivés, séchés, fermentés et soigneusement vieillis. Le Navarre, me direz-vous, ne risque-t-il pas d’être au Havane ce que le mousseux de Crimée est au Champagne ? Les amateurs vous expliqueront qu’au contraire, il se caractérise par la combinaison d’une plus grande douceur avec une puissance aromatique aux notes miellées. Chaque rouleuse confectionne une centaine de pièces par jour. La tripe (partie intérieure) du cigare associe, selon un dosage secret, des feuilles provenant des trois étages de pieds de tabac cultivés en plein air (celles du haut pour la force, celles du milieu pour l’arôme et celles du bas pour la combustion). Elle est habillée d’une cape taillée dans une feuille fine et élastique, issue de pieds entretenus sous un voilage, à l’abri du soleil trop ardent et des fortes averses. Au menu, quatre formats de puros. Ils répondent, bien sûr, au nom des mousquetaires. What else ?

Le Navarre en chiffres

  • Production : 60 000 cigares par an
  • De 7 à 19 € pour un d’Artagnan
  • 80 % de la production exportée

Saint-Emilion, Aquitaine – Dassault : un château et des ailes

Avec ses 46 000 bouteilles annuelles, le château-dassault n’est pas le plus coté des saint-émilion. Mais il ajoute une aura pacifique à une maison qui s’est construite en produisant des avions de combat. Mystère, Mirage, Rafale… de génération en génération, ceux-ci font vibrer, et à raison, la fibre nationale. Dassault est aujourd’hui le seul européen capable de concevoir et de construire de A à Z un aéronef au top de la performance, même si son Rafale éprouve de grandes difficultés à convaincre à l’export. Ce qui n’est pas le cas de l’autre grande branche du groupe, l’aviation d’affaires. Endurants et luxueux, les Falcon suscitent en effet un bel engouement : 58 appareils vendus en 2012 et 66 livrés, ce malgré la crise. Si les avions lui ont assuré 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012, l’empire fondé par Marcel Dassault a d’autres raisons de se réjouir : il s’est aussi imposé comme le leader mondial des logiciels de CAO, sans lesquels plus rien ne se conçoit dans l’industrie. La division software a ainsi engrangé 2 milliards d’euros l’an dernier. Ajoutez à ces activités le Groupe Figaro, une société immobilière, et voilà une entreprise qui, pour être très hexagonale dans ses activités de production, avec 9 000 salariés en France sur un effectif total de 11 600 personnes, est extrêmement centrée, elle aussi, sur l’export.

Dassault Aviation en chiffres

  • 8 000 avions vendus dans le monde depuis 1945
  • 28 millions d’heures de vol effectuées
  • 11 600 salariés

Saint-Fort, Gironde – Caviar : merci les bolcheviks !

Le génie français n’est pas toujours précurseur. Ainsi, dans un premier temps, le goût délicieux du caviar n’avait pas frappé nos pêcheurs. Ceux-ci, jusqu’à la fin du XIXe siècle, rejetaient benoîtement à la rivière les poches d’œufs des énormes esturgeons qu’ils prenaient, en Gironde ou en Dordogne, quand ils ne nourrissaient pas leurs canards avec cet or noir.

C’est une princesse Romanov, chassée par la révolution d’Octobre, qui, à l’occasion d’une promenade girondine, découvrit ce sacrilège dans les années 20. Elle y mit un terme en faisant enseigner aux « locaux » l’art subtil du tri, du salage et de la conservation des œufs. Une petite industrie produisant de 3 à 5 tonnes par an s’y développa dans les années 50, jusqu’à l’épuisement de la ressource par surpêche et à l’interdiction de la capture de l’esturgeon sauvage, en 1982. Les caviars actuellement issus de Gironde ou de Sologne proviennent de l’aquaculture de poissons d’origine sibérienne, à laquelle l’interdiction de l’importation de caviar sauvage en Europe, en 2011, a donné un coup de fouet. Les producteurs progressent d’année en année dans cet art difficile qu’est l’affinage de la bête, indispensable au bon goût des œufs. Ils fabriquent aujourd’hui un caviar très honorable.

Le caviar en chiffres

  • Production : 19 tonnes par an
  • 2e rang mondial, derrière l’Italie
  • 120 € pour 50 g
  • Sept ans d’élevage des esturgeons femelles avant sacrifice

Selles-sur-cher, Loire-et-Cher – Fromage : un délice entre mille

Charles de Gaulle s’était interrogé en son temps sur la possibilité de diriger un pays qui compte autant de variétés de fromage, croyait-il, qu’il existe de jours dans l’année. Le caractère difficilement gouvernable du village gaulois décelé par le Général s’avère de jour en jour. Et pour ce qui est de la variété de sa production fromagère, dont la France a fait un atout considérable, De Gaulle était encore loin du compte : la maison parisienne Androuet, spécialiste s’il en est, en a dénombré plus de 1 000 sortes !

Parmi elles, nous avons choisi, entre la Gironde et Paris, de faire étape à Selles-sur-Cher. On y fabrique de remarquables chèvres depuis plus d’un siècle. Conscients de l’unicité de ce patrimoine, les producteurs locaux ont obtenu, dès 1975, une appellation d’origine, qui reconnaît et protège le caractère de leur produit. Celle-ci est devenue appellation d’origine contrôlée en 1986 (AOC), puis d’origine protégée (AOP) en 1998.

Cendrés, habillés d’une croûte fine, plus délicieux encore lorsqu’ils sont accompagnés d’un vin blanc sec des bords de Loire, les Selles-sur-Cher, qui représentent une production de 800 tonnes par an, figurent parmi les 12 appellations françaises de chèvre reconnues.

Il existe en tout 45 AOC et 38 AOP de fromage en France. C’est dire si nous aurions pu consacrer à la découverte des seuls fromages de France l’intégralité de ce périple.

Le fromage en chiffres

  • 800 tonnes de Selles-sur-Cher par an
  • Appellation française de fromage parmi 83 autres
  • 1 400 producteurs de fromage en France
  • 24 kg de fromage consommés par habitant en moyenne

Citroën DS5 Hybrid4 Sport Chic / 41 600 € (dont 3 300 € de bonus)

  • CO2                            109 g/km
  • Moteur                        Diesel, 4 cylindres en ligne + électrique
  • Puissance                   200 ch (163 ch à 3 850 tr/min + 37 ch à 1 290 tr/min)
  • Couple                        300 Nm dès 1 750 tr/min + 200 Nm dès 0 tr/min
  • Dimensions (Lxlxh)   4,53 x 1,87 x 1,51 m
  • Coffre                         325/1 145 dm3
  • Poids                          1 660 kg
  • Vitesse maxi              211 km/h
  • 0 à 100 km/h              8,6 s



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