Car Life
Pourquoi les années 60 sont éternelles [1969]

Il y a toutes les décennies, et il y a les années soixante. Une période unique, qui est passée à la postérité de son vivant et n’a jamais cessé d’être à la mode depuis. Une décennie qui nous a donné les voitures les plus mythiques, les sportifs les plus flamboyants, les pilotes les plus héroïques, la musique la plus rock, les acteurs les plus cools, les actrices les plus sublimes, les personnalités les plus historiques, les tendances les plus radicales…

En 2018, en 2019 ou en 2020, il ne se passe pas une journée sans les années soixante. Et ce sera la même chose en 2021, en 2022… Entendre les Rolling Stones ou les Beatles à la radio, célébrer la disparition de Fidel Castro ou de David Bowie, faire référence au Gaullisme ou à Mendes-France, découvrir une nouvelle version de la Mini ou de la Porsche 911, rappeler le grand chelem de Rod Laver (toujours pas égalé !), débattre à l’infini sur qui a réellement tué Kennedy ou Marilyn Monroe, épiloguer sur la rupture et les conséquences de mai-68, relancer les polémiques sur les guerres d’Algérie ou du Vietnam… Les années quarante ont été celles de la guerre mondiale. Les années cinquante, celles de la reconstruction. Les années soixante, celles de la vie, tout simplement. Des années durant lesquelles l’énergie, l’audace, mais aussi la classe, la mode et une certaine forme de modernisme, semblaient pouvoir bouleverser le monde à chaque instant. Pour le meilleur, mais pas seulement. Car si cette période dorée a accouché de quelques merveilles (musicales, automobiles, artistiques, sportives ou cinématographiques), d’un événement pour l’éternité (on a marché sur la lune !), elles sont aussi les années de plomb de la guerre froide et du Mur de Berlin, des vrais conflits sur le terrain en Algérie et au Vietnam, et de la généralisation des drogues dures qui vont occasionner des ravages chez les jeunes.

1969

Mercedes C111 : objectif an 2000

En 1969, on ne parle que de l’an 2000. Un fantasme. Pendant que Gainsbourg et Birkin chantent Année érotique, le genre cinématographique à la mode est la science-fiction. D’ailleurs, à cette époque, on ne s’intéresse qu’au futur et tout est prétexte à la prospective : la mode, l’art, la technologie et bien sûr l’automobile. Et pas au futur immédiat, mais déjà celui du XXIe siècle, comme en témoigne le film 2001 l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, tourné l’année précédente. Chez Mercedes, on est très fier d’exhiber ce prototype qui sera la star des salons de l’auto et des pistes d’essais durant des années. Une incarnation du futur même. Dès qu’un magazine voulait illustrer le futur ou les nouvelles technologies, il mettait en avant une photo de la C111. Une gueule magnifique, agressive, sportive, en rupture avec l’image assez sage des voitures de série à l’étoile. Et finalement, la seule chose qui connaîtra un réel succès sur cette auto est son style. Hélas, c’est également la seule chose qui ne verra jamais le jour en série ! Pourtant, que cette voiture fit rêver tous les amoureux de l’automobile durant une dizaine d’années, qui régulièrement espérait que Mercedes décide enfin de la commercialiser, ce dont il n’a jamais été question. Elle battit un nombre impressionnant de records, mais les technologies qu’elle éprouvait ne connaîtront pas d’avenir non plus, tel le moteur rotatif Wankel.

L’héritière : Mercedes-AMG GT. La C111 ne connaîtra jamais réellement d’héritière, mais plutôt une quantité industrielle de voitures-laboratoire, destinées à tester les technologies des Mercedes du futur. La marque à l’étoile s’en est même fait une spécialité, comme en témoignent les versions les plus sportives, telle cette AMG GT, ou avant elle la SLS et la SLR. Désormais, la communication passe par une mise en œuvre des nouvelles technologies directement sur la voiture de monsieur Toulemonde.

Sportif : Pelé -1940-

Sportif de la décennie, mais surtout sportif du siècle. En 1969, Pelé marque son millième but et terminera sa carrière sur l’invraisemblable total de 1 281 réalisations ! Cet homme avait quarante ans d’avance sur tous ses contemporains et aurait pu s’imposer comme le joueur vedette d’une équipe nationale encore au XXIe siècle. Il faut revoir les images de l’époque pour comprendre que ses congénères et particulièrement les défenseurs qui, en ces temps-là, occupaient ce poste parce qu’ils n’étaient pas très bons, ne pratiquaient pas tout à fait le même sport. Lui savait tout faire, y compris marquer de la tête malgré sa taille moyenne, ajoutant à sa technique, un sens du jeu, une intelligence tactique et des capacités physiques hors-normes. Le sportif parfait. Son palmarès reste inégalé à ce jour, restant notamment le seul joueur de l’histoire à avoir remporté trois Coupes du Monde. Un géant pour l’éternité, bien au-dessus de Diego Maradona, Ronaldo (les deux) et Lionel Messi. S’il avait été éligible au Ballon d’or, nul doute qu’il en aura emporté une petite dizaine, avec au minimum les années 1958, 1959, 1961, 1963, 1965, 1967, 1969 et bien sûr 1970, avec le chef d’œuvre de la Coupe du Monde au Mexique.

Pilote : Henri Pescarolo – 1942-

Célèbre pour son héroïsme démontré en plusieurs occasions aux 24 Heures du Mans, dont un homérique relais de nuit sous une pluie battante… sans essuie-glace. Après l’envol de sa Matra dans la ligne droite des Hunaudières en cette année 1969, on le croit fini pour le sport automobile, et même la vie tout court. A la manière d’un Niki Lauda six ans plus tard, il reviendra plus fort que jamais.  Il a roulé avec Jean-Pierre Jaussaud, Jean-Pierre Beltoise, Graham Hill, Gérard Larousse, Jacky Ickx, Jean Ragnotti, Patrick Tambay, Bob Wolleck et bien d’autres… Un peu trop juste en performances pour une belle carrière en F1, le Parisien Henri Pescarolo est devenu plus Manceau que les Manceaux. Depuis 1966, il a participé à trente-trois éditions des 24 Heures du Mans pour totaliser quatre victoires (3 avec Matra de 1972 à 1974 et une avec Porsche en 1984). Il reste, aujourd’hui encore, une référence lorsque l’on parle du double tour d’horloge de la Sarthe. Ici en photo derrière les grands pilotes Elf de la période, Jackie Stewart, Jean-Pierre Beltoise, Johnny Servoz-Gavin et le grand Pesca avec son légendaire casque vert.

Musique : David Bowie – 1947-2016

Une volonté permanente de contre-pied. Dans les années 1960, David Bowie fait sa première apparition sur les antennes de la BBC en se présentant comme le président de la société protectrice des hommes aux cheveux longs. Le musicien se cherche encore, mais on devine qu’il ne vivra pas de consensus. Il se révèle en 1969 avec Space Oddity que la télévision britannique utilise pour accompagner ses émissions consacrées à Apollo 11. Il restera dans une bipolarité incarnée via des personnages tels que Ziggy Stardust, vision d’un glam-rock qu’il portera plusieurs années.

Acteur : Robert Redford -1936-

Lancé par La Poursuite impitoyable et Propriété Interdite, Robert Redford accompagne Paul Newman dans Butch Cassidy et le Kid. Baptisé Sundance Kid, Robert Redford a tellement été marqué par son expérience qu’il a choisi le nom de Sundance pour son ranch de l’Utah et pour le festival du cinéma indépendant qu’il a créé en 1985.

Actrice : Romy Schneider -1938-1982

Une variété de roses rouges porte son nom. C’est dire si elle ressemblait à l’amour. Pourtant, c’est d’abord en princesse -rêve de jeunes filles- qu’elle explose aux yeux de toute l’Europe sous les traits de Sissi. Mais l’actrice hait l’image de cette impératrice. Après sa rencontre avec Alain Delon, elle acquiert une reconnaissance internationale et reçoit des cachets mirobolants des producteurs américains qui la qualifient de « petite fiancée du monde ».

Personnalité : Georges Pompidou -1911-1974

Loin de son Cantal natal, pauvre et attaché à la terre, Georges Pompidou avait pris l’habitude de quitter Paris au volant de sa Porsche 356 le vendredi après-midi. Poussé par son flat-4 refroidi par air, il semait la maréchaussée en fumant ses Winston. Premier Ministre secret de l’omniprésent Général de Gaulle, il est devenu le premier Président normal de la Cinquième République en profitant d’un concours de circonstances. Mais le pouvoir l’a usé et il l’a quitté avant la limite, emporté par une rare leucémie avant le terme de son mandat, sans héritier direct.

Tendance : le Concorde

Tandis que l’URSS envoyait le premier homme dans l’espace et que les Américains marchaient sur la Lune, l’Europe signait aussi une réalisation technique exceptionnelle. Fruit d’une coopération entre Français et Britanniques, le Concorde a volé pour la première fois en 1969. Posé sur une aile Delta, l’élégant fuselage pouvait transporter cent passagers à plus de Mach 2 (2 369 km/h) avec un record New York-Paris en moins de trois heures. 74 commandes ou options sont signées par seize compagnies dans les années 1960… Toutes sont annulées et seuls Air France et British Airways le font voler jusqu’à l’unique accident qui mène à son retrait en 2003.

Et pendant ce temps-là… la Lune. Promesse avait été faite le 25 mai 1961. Tout juste élu Président des États-Unis, John Fitzgerald Kennedy annonce que des Américains marcheront sur la Lune avant la fin de la décennie. L’assassinat de Dallas n’y changera rien. D’abord devancée par l’URSS dans la conquête de l’espace, la NASA accélère grâce au programme Apollo. Orchestrée comme une réussite pour toute l’humanité, la mission Apollo 11 de Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins est l’aboutissement d’un projet aux investissements record et aux retombées mondiales. Les recherches ont permis des progrès significatifs en matière d’écologie, de science des matériaux et d’informatique. Prochaine étape, mars. Mais dans plusieurs décennies.

On ne les a pas oubliés… mais, hélas, il fallait choisir

René Goscinny, la Lotus Seven, Jacques Tati, le western-spaghetti, Pablo Picasso, Stanley Kubrick, Serge Gainsbourg, Richard Nixon, la Citroën Méhari, Alain Mimoun, Marcello Mastroianni, Alfred Hitchcock, la Mercedes SL « pagode », les limitations de vitesse, Raymond Kopa, Vittorio Gassman, la Maserati Ghibli, François Truffaut, Bruce Lee, Françoise Sagan, la Renault 16, Burt Lancaster, Federico Fellini, Franck Sinatra, Salvador Dali, la Lamborghini Espada…



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