Car Life
McLaren, la belle histoire [1/4] : Bruce, le fondateur

Quelle belle histoire que celle de McLaren. Jusqu’au milieu du siècle dernier, les plus grandes marques automobiles du monde -et pas seulement sportives- étaient celles qui avaient débuté en compétition. Remplacé depuis par le marketing-roi, ce principe est ressuscité de la plus brillante des façons par la petite entreprise britannique, née du génie et de la persévérance de son créateur néo-zélandais, Bruce McLaren, il y a un peu plus de cinquante ans.

Des premières courses automobiles du petit Bruce McLaren, à l’autre bout du monde dans sa Nouvelle-Zélande natale, à l’inauguration du complexe futuriste de Paragon, voici le récit, année après année de la légende des voitures orange, seule marque au monde capable de rivaliser avec Ferrari, sur la piste et sur la route.

La vie de Bruce McLaren est un croisement de la légende de James Dean et du mythe Enzo Ferrari. Fauché en pleine force de l’âge, à 32 ans, il aura eu le temps construire en quelques petites années, à la fois un palmarès personnel dans le sport automobile en tant que pilote, et une écurie, puis une marque de voitures de course portant son nom.

Bruce McLaren est précoce en tout : plus jeune vainqueur de l’histoire en grand prix à 22 ans, il crée son écurie à 28 ans et sa première voiture à 30 ans !

Plus jeune pilote de l’histoire à remporter un grand prix -record battu quelque quarante-quatre années plus tard par Fernando Alonso-, victorieux au volant d’une Formule 1 portant son nom, il ne lui aura manqué qu’un titre de champion du monde qu’il aurait peut-être conquis sans ce maudit accident en essais à Goodwood. Si Bruce McLaren n’a pas eu la chance de poursuivre son œuvre (oui, il en fallait de la chance à cette époque où un tiers des pilotes se tuaient en course !), d’autres génies firent prospérer la marque pour l’amener à un niveau d’excellence, autant sur la piste que, plus récemment, sur les routes.

1937 : Naissance à Auckland

Quelle destinée peut-elle conduire un enfant né à l’autre bout du monde, à devenir pilote de Formule 1, à une époque où le transport aérien en était à ses balbutiements ? Déjà, en grandissant dans un environnement favorable : les parents de Bruce sont garagistes (photo) et passionnés de voitures. Bruce McLaren dira : « mon père a fait la cour à ma mère en side-car. Jeune, il était cascadeur à moto, mes deux parents étaient passionnés de courses automobile, je suis né dans un garage… Comment échapper à ce destin ? ».

1946 : Maladie de Perthes

Pourtant, tout commence mal dans la vie du petit Bruce, atteint de la maladie de Perthes. Atteint à la hanche, condamné à rester allongé toute la journée, il se déplace trois ans durant, attaché sur une sorte de chariot à roulettes. Est-ce cet engin qui lui donnera le goût du pilotage ? Toujours est-il qu’il en ressortira avec une jambe gauche beaucoup plus courte que la droite, ceci restant un gros handicap pour le sport… sauf automobile.

1952 : Premières courses

Très précoce et encouragé par son père, posant fièrement ici derrière la voiture, le jeune Bruce remporte ses premiers succès en automobile dès l’âge de 14 ans au volant de cette vieille Austin 7 Ulster, préparée par dans le garage familial.

1954 : Premiers succès

Rapidement, McLaren s’affirme comme l’espoir le plus sérieux du continent du bout du monde. L’Europe et ses courses internationales deviennent un rêve peut-être accessible.

1958 : Départ vers l’Europe

Soucieuse de montrer au monde entier l’excellence de ses pilotes, la Nouvelle-Zélande a mis en place un système de bourse permettant de financer un programme sportif en Europe pour ses meilleurs éléments. Baptisée « Driver to Europe », l’opération va permettre à Bruce McLaren de s’étalonner avec les meilleurs spécialistes sur le vieux continent. A noter que sa voiture ne sera pas de couleur orange comme le dit la légende, mais blanche et verte qui étaient les couleurs officielles de la Nouvelle-Zélande.

1959 : Première victoire en grand prix

Les résultats ne se font pas attendre. A 22 ans, Bruce McLaren devient le plus jeune vainqueur de l’histoire d’un grand prix de Formule 1. Un record qui tiendra jusqu’en 2003, battu par Fernando Alonso, puis Sebastian Vettel et plus récemment, Max Verstappen. Mais à l’heure des babys-drivers, il est tout de même incroyable de constater que McLaren est toujours quatrième dans ce classement.

1963 : Naissance de l’écurie McLaren.

Décidemment très précoce, McLaren monte sa propre structure alors qu’il n’a pas encore 26 ans et fait courir des monoplaces ou prototypes dans diverses épreuves en Océanie. Ici, au départ d’une course en Nouvelle-Zélande en belle compagnie : à gauche, Bruce McLaren dans sa voiture blanche et verte, au centre, Phil Hill et Jim Clark sur sa célèbre Lotus.

1966 : Première voiture McLaren

Robin Herd, Bruce McLaren et Teddy Mayer : de gauche à droite, l’ingénieur, le patron et le financier. Une dream team qui va permettre à McLaren Ltd de devenir constructeur de voitures de course. L’étape ultime vers la légende.

1967 : Premier titre

McLaren construit des Formule 1, mais aussi toute sortes de machines de compétition pour des courses dans le monde entier. Le premier titre d’une McLaren sera remporté aux Etats-Unis, dans le prestigieux championnat CanAm avec le patron au volant. Bruce récidivera en 1969, tout en continuant sa carrière en Formule 1, mais aussi en Endurance, où il remporte les 24 Heures du Mans en 1966 avec son compatriote Chris Amon sur une Ford GT40.

1968 : Première victoire en Formule 1


Moment historique au Grand Prix de Belgique 1968 : en ce 9 juin, McLaren remporte la première de ses 182 victoires en Formule 1, avec Bruce au volant. Son coéquipier, Denny Hulme, se battra pour le championnat toute la saison et ajoutera deux succès au palmarès de l’équipe.

1970 : Le drame

Comme pour James Dean ou Ayrton Senna, trop tôt disparus, la même question : quelle aurait été la destinée de Bruce McLaren s’il n’avait pas perdu la vie si jeune ? A 32 ans, il avait déjà construit un joli palmarès et une marque solide, reconnue et victorieuse sur tous les continents. En essais à très haute vitesse au volant de sa McLaren CanAm, il percuta un poste de commissaire sur le meurtrier circuit de Goodwood, certainement à près de 300 km/h. La cause de l’accident est purement mécanique, son capot arrière s’étant détaché avec la vitesse.



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