Les essais de Luc Ferry : Maserati Ghibli

Philosophe, écrivain, ancien ministre de l’Education nationale, Luc Ferry est aussi – et surtout – un amateur éclairé d’automobiles. Il entame avec Car Life une nouvelle carrière, celle de journaliste-essayeur. Et démarre en fanfare avec la dernière-née de la gamme Maserati, la Ghibli, familiale au tempérament plus que sportif. Ces deux-là étaient faits pour s’entendre.

Quand Thierry Soave m’a proposé d’essayer des voitures de rêve pour Car Life, j’ai bondi de joie (intérieurement bien sûr, car je commence à ménager mes articulations). Et quand il m’a demandé de choisir parmi les nouveautés, je n’ai pas hésité une seconde : Maserati Ghibli, de préférence celle qui a des chevaux – 410 pour être précis, ce qui commence déjà à faire un joli petit cheptel. J’ai trois filles, et si les petites voitures rapides m’amusent encore (j’ai un cabriolet Jaguar XKR), l’idée de conduire une vraie familiale sportive me plaît bien. J’ai dit à Thierry : « Si possible, pas une allemande. » BMW, Audi et Mercedes fabriquent des modèles excellents, j’en conviens volontiers, mais j’ai envie d’autre chose, une anglaise ou une italienne,  et la « petite » Ghibli correspond pile-poil à ce qu’on peut trouver de mieux, dans le genre, sur le marché : quatre vraies places – et même cinq s’il le faut –, la promesse d’un confort de grande routière autour d’un moteur qui, étant donné la tradition de la marque, ne peut pas être un veau. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, mon ami Elie Chouraqui et sa charmante femme Isabelle invitent toute la famille à venir passer la journée dans leur nouvelle maison, en Normandie, entre Trouville et Honfleur. Thierry me dépose aimablement la voiture et quelques minutes après, tout mon petit monde est à bord, direction la mer.

            Première impression : les sièges sont plus confortables que je ne l’aurais imaginé, s’agissant d’une sportive. La tenue est parfaite grâce à des contours assez fermes, mais l’intérieur est moelleux à souhait. On est mieux que dans une Audi ou une BMW,  aussi bien que dans une Mercedes Classe E (et je sais de quoi je parle, une référence en la matière). J’appuie sur la touche « Start » et le moteur se met à ronronner, doucement, presque trop doucement. J’inspecte les différents boutons, j’appuie sur « sport », et le bruit du moteur devient d’un coup plus mélodieux et plus présent. Petit coup d’accélérateur, on entend un feulement digne des meilleurs italiennes. On croirait un V8 ! Je suppose que les ingénieurs de la firme ont dû s’y employer. Je tâtonne un peu pour trouver la marche avant, puis la marche arrière – le levier de vitesses me paraît au début manquer de précision, mais je finirai vite par m’y habituer.

La bête s’élance enfin et les rapports s’égrènent sans qu’on s’en aperçoive, avec une rapidité digne d’une auto de course haut de gamme. La boîte auto à 8 rapports est un régal. Je prends quand même les palettes, juste pour m’amuser et faire quelques accélérations façon boulet de canon. Bon, ce n’est pas la 250 F de Fangio – il s’agit d’une grande routière –, mais j’ai l’habitude de mon XKR, comme d’une E 500 que je conduis souvent, et je suis loin d’être déçu : sans être aussi brutale qu’une FF, la Maserati déménage de façon impressionnante. Largement suffisant pour s’offrir déjà quelques frayeurs dans la vie normale. En mode automatique, la boîte rétrograde d’elle-même en émettant des sons réjouissants. Dès les premiers kilomètres, je vois que la voiture est une vraie réussite, confortable, rapide et même rageuse quand on la pousse dans ses retranchements, bref, tout aussi agréable à vitesse légale sur l’autoroute qu’en conduite rapide sur les petites départementales bordées de pommiers normands. La Maserati vire à plat, la tenue de route est remarquable, et, même sous la pluie et sur chaussée déformée, elle me donne une impression de confort et de sécurité rarement égalée.

L’équipement est lui aussi sans défaut – à l’image du GPS tactile, notamment, qui affiche devant les yeux du conducteur les embranchements à prendre et ne s’est jamais fourvoyé, même dans les lieux-dits les plus improbables. Je regrette presque que le trajet soit terminé quand j’arrive chez les Chouraqui. Petit attroupement quand je gare la Maserati devant la porte de la vieille maison normande qu’ils viennent de s’offrir et qui est, je dois dire, charmante. L’air de rien – personne ne sait encore que j’ai enfin réalisé mon vieux rêve d’être « essayeur » –, je demande à l’assemblée ce qu’elle pense de ma nouvelle conquête. Tout le monde, à commencer par ces dames, la trouve très belle, élégante, Maserati jusqu’au bout des pneus, mais malgré tout discrète, « pas m’as-tu-vu comme certaines Ferrari », me dit l’une d’entre elles. Je recueillerai les mêmes réactions le lendemain, quand j’emmènerai mon petit troupeau déjeuner à l’hôtel Normandie, chez mes autres amis, Régine et Marc Zuccolin, l’irremplaçable directeur opérationnel des établissements Lucien Barrière. Dès que mon camarade Elie, avise la voiture, impossible de l’empêcher de prendre  ma place, et j’entends bientôt le V6 hurler au loin dans la campagne. Quand il me rend la voiture, c’est avec un large sourire, façon ravi de la crèche, qui en dit plus qu’un long discours sur son enthousiasme.  Un futur client ? C’est tout ce que je lui souhaite !

Maserati Ghibli S Q4 / 90 150 €

  • CO2     246 g/km
  • Moteur           Six cylindres en V + turbo
  • Cylindrée        2 979 cm3
  • Puissance       410 ch à 5 500 tr/mn
  • Couple 550 Nm à 4 500 tr/mn
  • Transmission  Aux quatre roues
  • Boîte   Automatique à 8 rapports
  • Pneus  AV  235/50 R 18, AR  275/45 R 18
  • Dimensions (L x l x h)    4,97 x 1,95 x 1,46 m
  • Volume de coffre       500 dm3
  • Poids   1 770 kg
  • Réservoir        70 l
  • Vitesse maxi   284 km/h
  • 0 à 100 km/h  4,8 s
  • Consommation en ville          15,2 l/100 km
  • Consommation sur route      7,8 l/100 km
  • Consommation mixte 10,5 l/100 km



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