Les essais de Luc Ferry : Audi RS7

Ascète l’A7 ? En version RS7, pas vraiment… Plutôt gourmande et généreuse même. Luc Ferry dit pourtant qu’il apprécie modérément les grosses berlines. Enfin, ça c’était avant de goûter les 560 chevaux de cette Audi, bien répartis aux quatre fers.

Comme tous les amoureux des voitures rapides, quand j’ouvre ma revue préférée, mon œil glisse tout naturellement vers les coupés, voire les cabriolets, rarement vers les grosses berlines confortables. En même temps, il faut bien caser mes trois filles quand on part en vacances ou en week-end. Comment concilier la vie de famille et la passion des voitures de sport ? Pas évident, et ce n’est pas ma petite jaguar XKR (que j’adore), qui me permettra d’y arriver, avec ses sièges arrière minuscules, réservés aux enfants de moins de cinq ans (et encore sur de petites distances). Quand Thierry Soave, (le « sauveur », en bon français), me propose d’essayer une Audi, je fronce un peu le museau. J’espérais plutôt une Ferrari, une Aston, ou pourquoi pas, enfin, une vraie voiture de course ! Mais quand il précise que la bête dispose « quand même » de 560 chevaux, mon intérêt se réveille : se pourrait il qu’il ait déniché vraiment l’oiseau rare, la voiture qui permettrait enfin de réconcilier le fun et la famille, le sport et la promenade ? En tout cas, ça vaut la peine d’y aller voir…

       Rendez vous pris, nous nous retrouvons à côté de chez moi. Thierry est venu avec une amie qui conduit le dernier modèle de BMW M5, une ultra sportive elle aussi, qui pourrait également relever le défi. Mais quand je vois l’Audi, toutes mes hésitations s’éclipsent. Même en blanc avec des jantes noires -deux couleurs que j’aurais, je l’avoue, préféré éviter- , elle a une sacrée gueule, à vrai dire une ligne presque parfaite. Discrète, c’est sûr, pas voyante pour deux sous, mais élégante, raffinée, profilée comme le bolide qu’elle promet d’être si l’on en croit sa fiche technique : 560 cv, donc, logés dans un gros V8 de 4 litres de cylindrée, un couple de 700 nm dès 1700 tours, une transmission intégrale, une boite 8 vitesses dont je découvrirai qu’elle est aussi rapide et douce que possible, le tout pour un poids qui reste raisonnable (à peine plus de deux tonnes, pour une  vraie 4 vraies places de  5 mètres de longueur). Ce pourrait bien être la familiale idéale.  Je propose donc à ma femme d’aller déjeuner à Trouville, comme lors du dernier essai réalisé pour Car Life (celui de la Maserati Ghibli, pas mal non plus…).

       Dès qu’on s’installe au volant, on est épaté par la qualité de tout ce qui vous entoure. Les sièges ont une tenue parfaite, le tableau de bord est sobre, mais comme toujours avec Audi, irréprochable quant à la qualité des matériaux aussi bien que l’ergonomie. J’appuie sur le bouton du démarreur et le moteur dégage aussitôt un bruit caverneux et rauque qui augure bien de la suite. Pour m’amuser, je commence avec les palettes au volant, et je règle l’ensemble suspension/ boîte sur la position « dynamique », c’est à dire la position la plus sportive (il y en a deux autres, dont une « confort, » d’ailleurs assez efficace, mais je préfère commencer par voir ce que le monstre a dans le ventre). Whaouh ! Quelle pêche. Incroyable. Mieux que la plupart des Porsche ou Ferrari que j’ai pu essayer jusqu’alors. Un vrai boulet de canon. Mais dans Paris, il vaut mieux se calmer. Je prends l’autoroute et je réalise vite qu’à 130, c’est  pire que le supplice de Tantale.  L’Audi est un véritable piège à permis. Il faut que je me débrouille pour trouver un endroit où on peut l’essayer vraiment. Une fois sur route fermée, j’enfonce enfin le pied droit sans retenue. L’Audi accélère comme un Airbus au décollage. On a l’impression que ça ne s’arrêtera jamais, la poussée me colle au siège. 180, 200, 220, 240… Plus on va vite, plus elle semble collée à la route et donne un sentiment de sécurité totale. Quelques virages rapides pour voir comment elle tient. C’est juste époustouflant. Non seulement elle paraît toute légère malgré son poids respectable, mais   elle vire à plat comme une Porsche, sans le moindre tangage, et pour la faire glisser un peu, ne parlons pas de décrocher, c’est quasiment mission impossible, il faut vraiment y aller comme un malade et les quatre roues motrices, associées à la puissance phénoménale du moteur, permettent de rattraper à peu près toutes les situations. Bref, je n’ai jamais conduit une voiture possédant une telle tenue de cap à haute vitesse et une tenue de route en virage aussi incroyable.

Bon, il est temps de reprendre l’autoroute sagement. En vitesse linéaire, stabilisée, l’Audi redevient calme, aussi silencieuse qu’une grosse Mercedes. Des défauts ? Si je veux vraiment chercher la petite bête, juste pour dire, je n’en vois que deux, et encore. La suspension reste, même en mode confort, un peu raide. C’est la fameuse doctrine du « confort ferme » chère aux Allemands. Sur les longues distances, on dit  qu’ils ont raison, mais sur les petites, j’avoue préférer le moelleux d’une Jaguar. Sinon, la pédale de frein est un peu spongieuse et le freinage, au premier abord, manque de mordant. Cela dit, on s’y habitue vite et il s’avère excellent à l’usage. A  vrai dire, le seul  et unique vrai défaut, c’est le prix – 128 000 euros (sans les options, qui alourdissent très vite la facture). Sniff…

AUDI RS7

  • CO2 : 229 g/km
  • Moteur : Essence, V8 bi-turbo
  • Cylindrée : 3 993 cm3
  • Puissance : 560 ch à 5 700 tr/mn
  • Couple maxi : 700 Nm à 1 750 tr/mn
  • Transmission : Aux quatre roues
  • Boîte : Robotisée à 8 rapports
  • Pneus : 275/35 YR 20
  • Dimensions (longueur x largeur x hauteur) 5,01 x 1,91 x 1,42 m.
  • Coffre : 535 / 1 390 dm3
  • Poids : 1 920 kg
  • Réservoir : 75 l
  • Vitesse maxi : 250 km/h
  • De 0 à 100 km/h : 3,9 s
  • 13,4 l/100 km
  • 7,5 l/100 km
  • 9,6 l/100 km



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