Les essais de Luc Ferry : Maserati GranTurismo GT4 « Car Life »

Cette année, Car Life engage dans le très relevé Championnat de France GT4 une Maserati GranTurismo avec au volant, Thierry Soave, notre très véloce éditeur bien-aimé. Evidemment, il était inconcevable d’imaginer cette aventure sans que Luc Ferry, l’essayeur de choc de la rédaction, vienne tester la voiture sur une de nos séances d’essais. Mais a-t-on le temps de philosopher à ces vitesses ?

C’est sur le circuit de Dijon -la piste la plus rapide de France- que j’ai pu prendre le volant de cette authentique auto de course.

Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion d’essayer sur piste une voiture de course moderne, pas une voiture de route améliorée, mais une vraie bête de compétition. Alors quand Thierry Soave me propose de venir piloter sa Maserati GranTurismo GT4 sur le très rapide et très technique circuit de Dijon, je ne fais ni une ni deux, je prends mon casque et je saute dans le train. La voiture est engagée par notre magazine préféré dans le Championnat de France GT organisé par SRO. Elle y est conduite par deux pilotes exceptionnels, des vrais rapides, Thierry bien sûr, et le jeune Romain Monti qui possède déjà à son actif un sacré palmarès. La Maserati est une des stars de la compétition à côté des Aston Martin, des Porsche ou des McLaren, et elle le mérite.

On le dit à chaque fois, mais il est absolument impossible de comparer les sensations procurées par une authentique de course, équipées de pneus slicks, à celles d’une voiture de route, si sportive soit-elle. La Maserati GranTurismo GT4 est une bête !

Arrivé dans les stands, je découvre le monstre. Je ne dirais pas que c’est une beauté, c’est plus que ça : elle a une gueule folle. J’enfile ma combinaison, mes bottines, mon casque et mes gants et je m’installe tant bien que mal au volant. La première chose qui frappe dans les vraies voitures de courses, c’est que tout y est dépouillé. Hors le siège passager (installé pour l’occasion, mais retiré en course car personne ne serait assez fou pour s’installer ici !) et le tableau de bord avec sa pléiade d’instruments, on ne voit que les barres de renforcement du châssis et de la carrosserie. Pas de fioritures, c’est le moins qu’on puisse dire. J’enfonce le bouton « start » et ça déclenche tout simplement le tonnerre. Cette voiture fait réellement  un boucan du diable. Cela dit, la sonorité est superbe. Il s’agit d’un V8 dont l’origine remonte à la Ferrari F430. Comme il n’y a pas d’embrayage, j’engage la première avec la palette droite et je commence gentiment à quitter les stands. Le sympathique directeur du circuit lève la barrière et  m’ouvre la piste en me faisant signe avec le pouce que tout est OK, je peux y aller.

Dans le stand de l’excellente équipe CMR qui fait rouler la voiture dans le championnat. A gauche, Thierry Soave, mon moniteur de luxe.

Comme je ne connais pas le circuit, j’ai demandé à Thierry de me précéder avec sa BMW Série 7. Je préfère qu’il fasse un bout de chemin avec moi pour me faire découvrir plus facilement les points de freinage et les bonnes trajectoires. Sans être une voiture de course, la BMW 760 M est quand même équipée d’un 12 cylindres de 600 chevaux ! Je lui demande d’aller vite, sachant qu’avec la Maserati, même s’il est un excellent pilote,  je n’aurai quand même  pas trop de mal à le suivre. En fait c’est un euphémisme. Malgré toutes les qualités de la grosse BM, au bout de deux tours je m’ennuie tellement que je double mon camarade et m’offre une série d’autres tours de pistes tout seul, à pleine vitesse. Cette Maserati est une merveille et je souhaite à tous les pilotes amateurs d’avoir la même chance que moi, celle d’essayer une vraie auto de compétition. C’est un régal, dès qu’on enfonce l’accélérateur, la Maserati bondit littéralement dans un bruit rageur. Comme dit le regretté Bernard Blier dans les « Tontons flingueurs », c’est du brutal ! Dans les courbes, on a l’impression qu’elle est tout simplement indéracinable. Elle vire tellement à plat, qu’on se sentirait presque, malgré son poids respectable, au volant d’un kart. Dans la ligne droite, j’égrène les vitesses et passe la sixième, 250/260/270… J’enfonce à regret le frein pour pouvoir prendre la grande courbe à droite qui se rapproche à une vitesse folle. Le freinage est presque aussi impressionnant que l’accélération et la tenue de route.

Installation à bord. Le rythme cardiaque s’accélère avant même la mise en route, mais un stress indispensable à la concentration. Pas question d’aborder les grandes courbes de Dijon en plaisantant.

Ces quelques tours passent sans que je m’en aperçoive, mais il faut bien rentrer aux stands. J’aurais volontiers continué toute la journée pour pouvoir pousser vraiment la bête dans ses derniers retranchements. Je m’extrais de la voiture (opération toujours difficile sur ce type d’auto) et une charmante jeune-femme, journaliste de son état, se précipite pour me poser quelques questions en vue de rédiger son papier : « Mais enfin, finit-elle par me demander l’air un peu interloqué, quel rapport avec la philosophie ? ». Il est plus profond qu’on ne croit. Les sages anciens disaient que deux maux pèsent sur la vie humaine, le passé et le futur, la nostalgie et l’espérance qui nous empêchent d’habiter le présent. Eh bien croyez moi, quand on est au volant de ce type de voiture, concentré au maximum sur sa trajectoire, conscient qu’en course il n’y a que du freinage et de l’accélération, pas de vitesse linéaire qui tienne si on ne veut pas perdre du temps, on habite totalement l’instant présent. Et c’est une joie aussi simple qu’à nulle autre pareille. Carpe diem !

D’origine, la GranTurismo est une auto très élégante. Là, en version GT4, c’est la beauté du diable !



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