Les éditos de Paul Belmondo [Vettel – Delanoë – Tavares]

Traverser Paris à vélo est souvent plus dangereux qu’un départ en F1

Les carrières de Vettel et de Schumacher ont en commun deux éléments majeurs : un palmarès hallucinant et peu de concurrence interne. Le deuxième point relativisant le premier…

L’épilogue de la saison de Formule 1 m’a fait prendre un petit coup de vieux. Certainement autant par la faute de Sebastian Vettel que par celle de son désormais ex-coéquipier, Mark Webber. Avec la retraite de l’Australien, j’ai le sentiment qu’un pan de l’histoire de la F1 se referme. Il y eu l’ère romantique, avant 1970, qui consacrait des chevaliers, plutôt héros que réellement sportifs, où l’on pouvait démarrer en grand prix après la quarantaine et gagner des courses à plus de 50 ans. Le deuxième chapitre s’est écrit très progressivement à partir de la fin des années 60. Une période qui a révélé d’immenses champions. Des génies du pilotage, qui n’avaient pas oublié de rester des hommes, avec leur personnalité, leurs qualités, leurs défauts : Stewart, Lauda, Hunt, Prost, Senna, Mansell, Piquet… pour ne citer que des champions du monde. Webber, lui, ne le sera jamais, mais il était le dernier à incarner le pilote « à l’ancienne ». Et Vettel son exact inverse. Peut-être n’était-ce pas un hasard de les retrouver dans la même équipe. On appelle ça la complémentarité. En tout cas, le nouveau quadruple champion du monde peut être considéré certainement comme celui qui représente le mieux la génération actuelle. Des jeunes qui sont nés programmés pour devenir sportifs de très haut niveau, qu’il s’agisse de tennis, de golf ou de Formule 1, d’ailleurs, peu importe. Des petits robots qui décident de moins en moins, laissant leur staff faire le boulot, y compris dans la gestion de leur carrière. Celle de Vettel commence à donner le tournis si l’on parle de palmarès. Et pourtant, la plupart des observateurs rechignent toujours à placer celui-ci au-dessus, ou même, parfois, à un niveau équivalent à celui d’Alonso, d’Hamilton ou de Räikkönen. A cela deux raisons : le fait qu’il dispose de la meilleures voiture – ce qu’on ne peut lui reprocher – et la gestion de sa carrière précisément. Car si les trois champions que je viens de citer n’ont jamais hésité à se frotter à un gros calibre dans leur propre écurie (comme le faisaient en leurs temps Lauda, Prost, Senna, mais pas Schumacher), Vettel, lui, n’aura jamais affronté un champion du monde comme coéquipier. Le seul moyen de faire taire les sceptiques sera d’accepter cette confrontation directe. Je suis absolument convaincu qu’il en a les moyens.

A Paris, à vélo…

Tandis que se construisent, depuis trente ans, des milliers de kilomètres de lignes à grande vitesse à travers la France, je continue d’être éberlué par l’archaïsme du réseau de transport francilien dès que l’on sort du métro, dont le maillage fait le bonheur des Parisiens, mais des Parisiens seulement. Pardon d’aborder un sujet excluant en apparence 85 % des Français, mais qui concerne en réalité tous les gens susceptibles de venir circuler dans la capitale, quel que soit leur mode de déplacement. En fait, comme des millions de congénères, je peste tous les jours contre la politique (?) des transports de la région. Un coup de gueule qui vient de loin. Commençons par le premier contact d’un étranger débarquant à Orly ou à Roissy : aucun train dédié pour gagner Paris (cas unique en Europe, à ma connaissance), ni la moindre ligne de chemin de fer entre les deux aéroports. C’est tout simplement inouï.

Arrivé aux portes de la capitale, en voiture donc, pas le moindre parking gratuit pour que les banlieusards non desservis par les transports en commun (dont je fais partie) puissent poursuivre leur parcours en métro ou en Vélib’. Condamné à utiliser son véhicule, le  téméraire découvre les dernières inventions de Bertand Delanoë pour lui pourrir la vie, stratégie déclarée et parfaitement assumée par la Mairie pour décourager les automobilistes de prendre leur voiture (je cite), mais sans leur proposer la moindre solution alternative un tant soit peu réaliste : fermeture définitives des voies sur berges, détours imposés de plusieurs kilomètres par des sens interdits sadiques (le plan de circulation à la sortie de la gare du Nord est un modèle du genre), réduction de la largeur des grands axes, etc., etc. Ne croyez pas que je veuille défendre à tous crins la place de l’auto en ville, d’autant que je m’y déplace presque exclusivement à deux-roues, motorisé ou non. A cet égard, je me demandais souvent pourquoi les cyclistes étaient si agressifs… J’ai compris : parce qu’ils ont peur ! Qui n’a pas pris un départ en Formule 1 ou traversé Paris à vélo et emprunté ses pistes cyclables meurtrières ne connaît pas le danger. Au-delà des beaux discours, la volonté de favoriser l’usage du deux-roues dans la capitale s’est limitée à l’utilisation de quelques pots de peinture blanche destinée à délimiter la place de chacun, y compris lorsqu’il s’agit du même endroit pour les bus, les autos et les vélos. Combat inégal. Et les choses ne vont peut-être pas changer car la plupart des gens qui subissent ces désagréments ne votent pas à Paris. C’est tout le problème.

Après s’être fait virer sans ménagement de chez Renault, Tavares devient patron de Peugeot-Citroën. Lequel de nos deux grands groupes s’est-il trompé ?

Un petit mot pour finir sur la nomination de Carlos Tavares, désormais à la tête de PSA après s’être fait virer de chez Renault sans ménagement il y a trois mois. A l’évidence, un des deux grands groupes s’est trompé. J’ai bien une opinion sur la question. Avoir, à la tête d’entreprises comme celles-ci, un homme du sérail, authentique spécialiste du l’automobile, constitue, j’en suis sûr, une force dans un marché où la qualité du produit fait plus que jamais la différence.



>