Les éditos de Paul Belmondo [Maserati – Equipiers – Ali]

C’est pour qualifier l’action de personnalités comme Mohamed Ali que le mont lifestyle a été inventé

Vous l’avez remarqué, tous les ans, à la mi-juin se dispute la plus grande course automobile du monde. Les chiffres des 24 Heures du Mans donnent le vertige à tout organisateur d’événement sportif, que ce soit en termes des spectateurs (250 000 entrées payantes et les médias du monde entier), comme du côté des engagés, avec quatre grandes marques en catégorie Prototypes (Audi, Porsche, Toyota en P1, Alpine en P2) et plus encore en GT (Ford, General Motors, Aston Martin, Porsche, Ferrari).

Vous l’avez remarqué aussi, elle se tient dans le pays qui semble le plus autophobe du monde. Paradoxe tenace, qui me fait souvent poser la question : est-on bien conscient de l’admiration et de l’envie que ce succès provoque auprès des autres grands pays producteurs de voitures, comme les Etats-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Italie ou le Japon ? Je ne le crois pas. Sinon, le sport automobile serait certainement un peu mieux considéré par nos pouvoirs publics, mais aussi par les grandes entreprises françaises. Pour rappel, plus de Grand Prix de France, une écurie Renault F1 qui n’attire aucun sponsor parmi les grands groupes français (quand Orange, BNP et les autres se battent pour leur visibilité à l’Euro de foot ou à Roland Garros) et une écurie Ligier disparue, précisément parce qu’on lui reprochait d’être trop aidée par la France. Avec le recul, on prend conscience de l’ineptie de cette critique.

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Depuis l’origine de l’automobile, toutes les grandes marques existant encore aujourd’hui, se sont engagées dans la compétition pour promouvoir leurs modèles. Toutes, sauf deux, qui ont fait le chemin inverse. Et quel chemin ! Ainsi, Ferrari et Maserati n’ont été que des constructeurs de voitures de course pendant trois décennies. Ce n’est qu’après la Guerre que les deux sœurs ennemies de Modène ont commencé à produire des modèles de tourisme. Comme toujours, l’éclairage de l’histoire permet d’expliquer bien des choses. Par exemple, la différence entre Lamborghini (traitée dans le dernier numéro de Car Life), dont la vocation des modèles est d’abord de faire le show, et Maserati, qui excelle dans la recherche de l’efficience. A ce titre, la lecture de notre dossier spécial de soixante pages est en tout point passionnante.

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Equipiers, c’est l’enfer ! Oui, mais pour les spectateurs, c’est le paradis. Notre sujet Formule 1 de ce numéro est consacré à la difficulté de faire cohabiter dans une même équipe deux grands champions… qui finissent toujours pas se détester. Fait historique, c’est actuellement la première fois que deux ennemis restent ensemble aussi longtemps : Nico Rosberg et Lewis Hamilton ont entamé leur cinquième saison dans le même garage. Merci donc, à tous ceux qui osent mettre en place ce genre de situation pour nous offrir ce spectacle : les pilotes eux-mêmes bien sûr, mais aussi les patrons d’écurie qui n’ont pas peur de devoir gérer des situations inextricables, tel l’accrochage entre les deux hommes à Barcelone.

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L’année 2016 est décidément bien cruelle avec les légendes. Ainsi, un dernier mot pour saluer la mémoire d’un autre géant qui vient de nous quitter. Pourquoi ici ? Mohamed Ali n’a aucun rapport avec l’automobile, mais dans l’esprit, si Car Life devait s’identifier à un sportif, c’est à lui que je penserais. Car c’est pour qualifier l’action, le tempérament et la vie de ce genre de personnalité, ou McQueen, Mandela et quelques autres légendes du siècle dernier, que le mot lifestyle a été inventé.



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