Les éditos de Paul Belmondo [Lambo – Radars privés – Parkings publics]

La principale raison de l’absence de Lamborghini en sport automobile, résidait dans la crainte de Ferruccio de voir son fils devenir pilote

Dans l’histoire de l’automobile, imposer une marque de voitures de sport sans l’engager en compétition s’est toujours avéré rigoureusement impossible. Ferrari, Porsche, Maserati, McLaren et avant eux Bugatti ont conquis nombre de titres sur toutes les pistes du monde. Même les constructeurs généralistes ont, à un moment ou à un autre de leur existence, senti le besoin de concourir en Formule 1, au Mans, ou en Rallyes. Là aussi, sans exception. Preuves encore récentes : Renault, de retour en F1, et Alpine, dont la résurrection a pris une tournure concrète ces derniers mois et qui a renoué avec la course automobile depuis deux ans en Endurance.

Et pourtant, à l’occasion de ce numéro Spécial Lamborghini, l’occasion nous est donnée de mettre en avant l’exception de la règle. Et quelle exception ! La marque au taureau peut être considérée comme l’une des plus sportives et les plus radicales de l’histoire de l’automobile, certainement plus encore que Ferrari, au moins du point de vue du style. Cette image, parfaitement en phase avec la réalité, a donc été construite de toutes pièces, sans qu’aucun modèle de la marque ne réalise le moindre mètre en compétition. C’est seulement bien après la revente de l’entreprise par son fondateur (soit 45 ans après sa naissance), que l’on vit le logo au taureau arpenter très discrètement les circuits, en tant que motoriste de Formule 1 lorsque la marque appartenait à Chrysler, mais sans s’en donner vraiment les moyens. Puis avec le rachat par Volkswagen et la présence de Gallardo dans les différents championnats GT3, rien de plus. Et à un moment où la réputation de la marque n’était plus à faire. On apprend d’ailleurs, à l’occasion de la passionnante interview de Tonino Lamborghini dans ce numéro, que la principale raison de ce refus, résidait dans la crainte de Ferruccio de voir son fils devenir pilote. Même pour un fan de compétition comme moi, le bilan est donc imbattable : son fils est toujours là et, sur la durée, Lamborghini a fait l’économie de centaines de millions, sans que cela n’altère son image de producteur de voitures les plus sportives du marché.

Nos différents gouvernements se félicitent de la baisse de la vitesse sur les routes. Un phénomène provoqué par la multiplication des radars, surtout automatiques. La méthode pour réduire les infractions est donc connue : augmenter les contrôles. Dès lors, pourquoi ne pas l’appliquer à l’alcoolémie ? Ce fléau, qui constitue la première cause de mortalité en France, reste toujours aussi impuni qu’il y a trente ou quarante ans. Combien de fois avez-vous soufflé dans un éthylotest depuis le début de l’année ? Combien de fois êtes-vous passé devant un radar automatique durant la même période ? Alors, lorsque j’ai appris que nous allions confier les contrôles de vitesse à des sociétés privées à compter du mois de janvier prochain, j’ai forcément bondi. Bien entendu, on peut comprendre que, par les temps qui courent, les forces de l’ordre doivent être mobilisées sur des priorités d’une toute autre importance pour la sécurité des populations. Mais il est très dérangeant de confier cette mission à des sociétés commerciales, dont l’intérêt premier (comme pour toute société, ce n’est pas un reproche) sera de gagner de l’argent. Les radars-pièges, déjà très répandus, risquent bien de devenir la règle, au détriment des zones réellement dangereuses, mais pas très rentables. Une aberration de plus dans notre fictive politique de sécurité routière.

Bon, pour finir, un petit coup de gueule très personnel, mais dont je sais qu’il sera partagé par tous les possesseurs de voitures équipées de pneus taille basse. Messieurs les concepteurs de parkings souterrains, par pitié, cessez d’implanter des trottoirs invisibles, véritables pièges à jantes. Je m’étais promis de conserver ma voiture flambant neuve en état parfait le plus longtemps possible, objectif envolé après moins d’une semaine d’utilisation !



>