Les éditos de Paul Belmondo [Fillon – Mercedes – Mustang]

Comment expliquer que le Premier ministre le plus passionné de sport automobile que nous ayons jamais connu, soit celui qui aura couvert la France de radars automatiques ?

A l’occasion de la grande interview de ce numéro de Car Life, rencontre avec un ancien Premier ministre, et pour moi, l’occasion de poser en direct (enfin !), la question qui brûle les lèvres de bien des automobilistes :

Comment expliquer que le même François Fillon ait pu à la fois :

  • se battre des années durant, y compris dans son propre gouvernement, pour que la France organise à nouveau un grand prix de Formule 1 ?
  • participer en tant que pilote au Mans Classic, y compris pour les difficiles relais de nuit ?
  • encourager l’industrie automobile nationale à produire des véhicules-plaisir, y compris au plus fort de la crise ?
  • accepter l’invitation de Peugeot à conduire une bête de course telle que la 908 victorieuse au Mans, y compris devant un parterre de journalistes prêt à guetter sa moindre maladresse ?
  • diriger des années durant l’ACO pour sauver les 24 Heures du Mans dans les années 90, y compris (et surtout), quand l’épreuve a été menacée de disparition ?
  • relancer la présence de pilotes français en Formule 1,  y compris quand il n’y en restait plus aucun ?

Bref, un Premier ministre tel que pourrait en rêver tout Français un tant soit peu passionné d’automobile. Et pourtant, c’est sous le gouvernement du même François Fillon que la France se sera couverte de radars automatiques, le ministère de l’Intérieur déployant à cette occasion un arsenal répressif sans précédent sur les routes de France. La réponse est dans les pages suivantes, et si nous devons nous féliciter des extraordinaires résultats de la sécurité routière depuis (nombre de morts divisé par deux et plus), je ne peux m’empêcher de préciser que ce bilan doit aussi (autant ? plus ?) aux progrès développés sur nos voitures, notamment la généralisation de l’ESP. Au final, entre la répression et la technologie, l’important n’est pas tant de savoir à qui revient le plus de mérite, mais cette nuance permet de méditer sur les moyens de faire encore mieux. Et maintenant que les Français roulent tous lentement, il n’est plus possible de cacher, comme nous le faisons depuis toujours, la première cause de la mortalité routière : l’alcool, ou la drogue. Comme nombre de gros rouleurs, je me suis souvent fait la réflexion de la fréquence des contrôles de la vitesse et de l’alcootest. C’est bien simple, depuis la généralisation des radars automatiques, on peut se faire contrôler tous les 100, 50 ou même 10 km en ville. Depuis l’obtention de mon permis, j’ai dû parcourir bien plus d’un million de km (et donc passer plusieurs milliers de fois devant un radar) pour… 1 seul contrôle d’alcoolémie et 0 sur la drogue. Si nous sommes tombés d’accord avec François Fillon sur ce triste constat et la nécessité d’agir, la solution n’est pas apparue évidente pour autant. Je reste néanmoins convaincu qu’en amateur éclairé de pilotage, il saura s’en préoccuper si l’occasion lui est donnée.

Merci Mercedes. Depuis le début de la saison, Rosberg et Hamilton se battent comme des chiffonniers sur la piste (et que sur la piste… pour le moment), sans aucune consigne pour calmer le jeu de la part de leurs patrons. Pourtant, chez Mercedes comme ailleurs, nous avons affaire à des industriels, baignés dans la culture du résultat, dont le seul objectif en Formule 1 est de gagner, si possible en assurant un doublé pour, au final,  vendre tout simplement plus de voitures. Il faut bien mesurer à quel point le risque est immense pour la marque à l’étoile de laisser ses deux pilotes s’attaquer entre eux, y compris dans les derniers tours, comme à Bahreïn, y compris au départ, comme au Canada. Y compris tout le temps en fait. A contrario, imaginons que l’équipe ait imposé un pacte de non-agression à chaque épreuve depuis le début de la saison. Quel ennui ! Grâce à cette décision, les courses sont passionnantes, bien loin des processions de l’époque Schumacher-tout-puissant, dues à la fois au génie du pilote allemand, mais aussi à une volonté déclarée de l’équipe de miser à fond sur une voiture en priorité. Une stratégie qui a porté ses fruits en termes de résultats, mais à bien y regarder, de quoi se souvient-on ? Les plus belles pages de la Formule 1 ont bien été écrites avec les duels Prost-Senna, Villeneuve-Pironi, Piquet-Mansell, Depailler-Laffite, tous rivaux dans la même équipe, même si, pour les trois derniers couples cités, un titre a finalement été perdu.

Le hasard a voulu que j’assiste au Grand Prix de Monaco historique, mettant aux prises des anciennes voitures de course sur le circuit F1, juste avant que je doive accomplir un aller-retour Monaco-Rome en Ford Mustang, pour les besoins du film sur mon père que nous sommes en train de tourner. Tandis que je me demandais, en voyant évoluer ces grands-mères dans les rue de la Principauté, ce qui poussait de plus en plus d’amateurs d’automobile à se tourner vers des modèles de collection, je compris à l’occasion de mon périple sur les routes italiennes, combien il était possible de trouver des sensations nouvelles dans une… ancienne. Le simple fait de choisir le chemin le plus court, plutôt que le plus rapide, change déjà la façon de vivre. Une révélation, au point que nous y consacrerons un sujet dans notre prochain numéro. D’ici là, je vous souhaite un très bel été.



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