Les éditos de Paul Belmondo [Bilan F1 – Les Français – Les cons sur la route]

L’automobile rend-elle con ? Curieusement, cette question, dont la réponse est, hélas, assez évidente, n’est jamais abordée de façon scientifique.

Clap de fin sur la première saison de la nouvelle ère de la Formule 1. Celle qui laissait tant de questions ouvertes, sur la fiabilité des voitures -assez bluffante au final-, la hiérarchie entre les pilotes dans les équipes de pointe -avec comme grands vainqueurs Ricciardo, Alonso et Bottas- et surtout, sur l’identité du champion du monde. Et toutes les réponses sont limpides, y compris et surtout celle concernant le titre décroché par Lewis Hamilton, qui a plutôt tendance à me réjouir. D’une part parce qu’il est mérité –xx victoires contre x et x à ses poursuivants immédiats, Rosberg et Ricciardo- et aussi parce que Lewis reste pour moi un champion dans la lignée des grands noms de la F1, de ceux qui ont contribué au rayonnement de la discipline, au-delà de l’aspect sportif. Je n’ai rien contre Vettel, mais ses quatre derniers titres, au-delà du caractère répétitif, ont surtout intéressé les passionnés de sport automobile. La personnalité d’Hamilton, son côté rock star, son caractère un peu bad boy, dans la vie, comme dans sa monoplace, son tempérament d’attaquant, et même ses défauts, en font une personnalité qui suscite l’intérêt auprès d’un plus large public, et pas seulement des fans de F1. Et en termes de pilotage, je le considère depuis toujours comme le meilleur avec Alonso. N’oublions pas qu’il est passé à deux doigts du titre dès sa première saison en grands prix. Cette saison, il fait preuve d’une maturité nouvelle chez lui. Tandis qu’on l’attendait surclasser son coéquipier en qualifications, c’est tout le contraire qui s’est passé, Lewis préférant sagement travailler sur ses réglages pour la course, plutôt que pour la chasse à la pole. Une stratégie payante depuis qu’il est à nouveau possible de dépasser en Formule 1, notamment grâce au DRS.

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Mais bien sûr, on ne peut pas tirer le bilan de la saison 2014 sans parler de l’année noire pour les pilotes français. Mes pensées vont naturellement vers Jules Bianchi, dont l’accident a rappelé à tous les jeunes que le sport automobile reste une activité à risques, même si le choc qu’il a subit n’aurait jamais dû se produire. A l’avenir, il n’y aura plus d’engin de chantier au même endroit que des Formule 1, fut-ce sous drapeaux jaunes. Ca paraît évident, mais ça ne l’était pas avant.

A l’heure où j’écris ces lignes, nous savons juste que Jean-Eric Vergne ne sera pas reconduit chez Toro Rosso et que les chances de le voir poursuivre en F1 sont à priori nulles. Sans aucun esprit partisan, je persiste à considérer comme injuste de voir son jeune coéquipier être promu chez Red Bull, alors qu’il a marqué quasiment trois fois moins de points que lui cette année. Enfin, Grosjean s’est battu toute la saison avec une auto dont le comportement était à la hauteur du budget de l’équipe : trop faible. Pas de quoi être optimiste pour la saison prochaine, sachant que Romain sera certainement notre unique représentant. Je l’ai souvent dit et répété, je trouve malheureux, et pas seulement pour les passionnés, qu’un pays comme le nôtre, dont l’industrie automobile reste forte, ne sache pas se mobiliser pour défendre ses talents comme savent si bien le faire les Anglais ou les Allemands.

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Contrairement aux apparences, notre enquête consacrée au comportement des conducteurs sur la route, et intitulée de façon un peu iconoclaste « L’automobile rend-elle con ? » constitue un sujet très sérieux. Car derrière cette question se cache certainement les véritables causes de la plupart des maux de l’automobile. Dont, bien sûr, l’insécurité routière, la quasi-totalité des accidents de la route étant liés à des problèmes de comportement. Autant vous le révéler d’emblée : la réponse à la question est oui, l’auto rend con ! Je laisse le soin à nos deux psys de vous l’expliquer, mais la démonstration la plus parlante consiste, comme ils nous le suggèrent,  de transposer dans la vie courante les travers les plus honteux des automobilistes. Pour ne froisser aucun de nos lecteurs qui pourraient se reconnaitre dans ce portrait, je suis même prêt à utiliser la première personne du singulier pour cette petite démonstration. Exercice au résultat risible et pathétique, qui donnerait quelque chose comme ça :

  • au passage piéton, je hurlerai dans les oreilles de la vieille dame devant moi, qui ne traverse pas assez vite quand le petit bonhomme passe au vert
  • je collerais de quelques centimètres les hommes et (surtout) les femmes qui marchent trop lentement devant moi dans la rue
  • je ferais un doigt d’honneur à toute personne se plaignant de mon comportement
  • je doublerai sournoisement dans la queue chez les commerçants
  • je manipulerais une arme à feu sous l’emprise alcool
  • sur le trottoir, j’empêcherais les gens pressés de me doubler
  • dans les transports en commun, je pousserais mes voisins pour leur piquer leur place sur la banquette
  • j’utiliserais les toilettes pour handicapés pour avoir plus d’espace
  • je ferais tout pour arriver plus vite que les autres piétons au feu suivant
  • Etc., etc.

Evidemment, ni moi, ni personne, ne se reconnaît dans ce portrait. Normal, c’est ce que révèle également l’enquête : au volant, le con, c’est toujours l’autre.



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