Thierry Soave
Les 50 pires voitures de l’histoire

Si dans Car Life, on a l’habitude d’encenser les modèles les plus désirables, on évoque bien plus rarement les catastrophes sur quatre roues ayant émaillé l’histoire de l’automobile. Lubie de designer, raté d’ingénieur, incompétence du patron ou des services marketing, conception à l’économie… Voici le palmarès, forcément non exhaustif, mais toujours subjectif, des pires voitures du siècle dernier et d’aujourd’hui.

LES AFFREUSES

Bien sûr, il y a les incompétents de la planche à dessin, les cancres du crayon à qui on a confié la responsabilité d’une ligne, ou encore ceux à qui on a demandé l’impossible. Mais au royaume de l’injustice, les audacieux sont trop souvent rois. C’est aussi pour avoir voulu casser les codes, innover ou surprendre, que quelques designers ont mis sur le marché des autos laides, disgracieuses ou mal proportionnées. Bienvenue au bal des horreurs.

Citroën Visa – 1978-1988

Au secours ! « La voiture qui fait peur aux enfants » aurait pu être le slogan imaginé par Jacques Séguéla et son équipe, en charge de la communication de la Citroën Visa. Le publicitaire avouera plus tard : « la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a… ». « Et la plus laide ?.. » aurait-il pu ajouter. Trente ans après sa disparition, on ne comprend toujours pas comment on a pu dessiner une voiture pareille.

La référence de l’époque : Renault 5

Renault Wind – 2010-2014

Incroyable. A une époque où le style est devenu la première motivation d’achat, et dans une catégorie de voiture coup de cœur, qui, chez le premier constructeur français, a pu laisser sortir une telle horreur ? Ce petit roadster est une insulte au design. Le pire, c’est que certains chez Renault en ont été surpris par le désastre commercial : les objectifs de vente étaient de 150 000 exemplaires, il s’en vendra finalement… 13 000.

La référence de l’époque : Fiat 500 C

Ford Scorpio – 1985-1992

Œuvre (?) de Philippe Le Quément, qui allait devenir le designer star de Renault quelques années plus tard, la Ford Scorpio a d’abord bénéficié d’un accueil plutôt favorable. On louait son originalité à une époque où l’uniformisation guettait la production automobile. Puis, échec aidant, tout le monde a fini par réaliser que ce bovin motorisé constituait en réalité le laideron de la catégorie, face aux BMW Série 5 ou Mercedes Classe E qu’elle était censée concurrencer.

La référence de l’époque : BMW Série 5

Fiat Multipla – 1998-2004

Parfois, le designer n’est pas seul responsable du désastre. Témoin cette Fiat Multipla, absolument géniale dans son cahier des charges : six places (deux rangées de trois sièges) en à peine plus de quatre mètres de long. Mais pour obtenir un tel concept, il a fallu manier des trésors d’ingéniosité en matière de style. Résultat : jugez par vous-même et partez en courant. De fait, la Multipla ne rencontrera jamais le succès qu’elle aurait mérité, car il s’agissait d’une excellente voiture.

La référence de l’époque : Renault Scénic

Austin Allegro – 1973-1983

Difficile de cohabiter avec une légende comme la Mini. L’Allegro, comme la Princess ou d’autres horreurs de la marque oubliées, devait permettre à Austin de se diversifier, de monter en gamme et de s’affranchir de la Mini-dépendance. Au-delà du fait qu’il s’agissait d’une très mauvaise auto (comme à peu près toutes les anglaises de cette époque, fatale à l’industrie automobile britannique), sa ligne de crapaud et son volant carré (si, si, authentique) ne pouvaient pas beaucoup l’aider.

La référence de l’époque : Volkswagen Golf 1

Lancia Beta Trevi – 1980-1984

Les constructeurs italiens disposent de cette capacité de génie, qui peut leur faire dessiner les plus belles voitures du monde et commettre de temps à autre d’inexplicables catastrophes esthétiques. Cette immonde Lancia Trevi, dont l’arrière a été taillé à la hache par un designer parti sans laisser d’adresse, en est l’une des preuves les plus regrettables.

La référence de l’époque : BMW 320

Skoda Superb – 2002-2008

Il ne suffit pas de le dire. Lorsque la Skoda Superb a été dévoilée, son nom a bien fait rire. Car objectivement, cette auto était tout sauf ça. Là aussi, dommage, car nombre de Skoda, la Superb se révèle comme l’une des meilleures de sa catégorie, notamment grâce à une habitabilité record, ceci expliquant souvent les problèmes de style.

La référence de l’époque : Audi A6

BMW Isetta – 1954-1962

Eh oui, BMW n’a pas produit que des chefs-d’œuvre. Dans les années 50, la marque est au bord de la faillite et se résout à investir le marché de la petite voiture de ville en prenant la licence de l’Isetta au constructeur italien Iso. Mais avec ce tricycle, dans lequel les deux occupants pénètrent par la face avant faisant office de porte, BWM n’a pas gagné en image. Voiture minimaliste par excellence, elle était confrontée à une rude concurrence de la part de marques bien mieux établies à l’époque (Fiat, Renault…).

La référence de l’époque : Fiat 500

Kia Opirus – 2003-2010

Quand on en voit une, on s’en souvient. Avant de s’adjoindre les services de l’ancien styliste d’Audi, Kia, devait certainement confier le dessin de ses voitures à des élèves de CM2. Cette Opirus s’inspire vaguement de la Jaguar S-Type, le strabisme en plus. Quant à l’arrière, personne n’a dû s’en occuper. Une mauvaise voiture qui plus est.

La référence de l’époque : Mercedes Classe E

Renault Vel Satis – 2002-2009

Ah, que n’a-t-on écrit sur la Vel Satis ? Finalement, elle constituera la dernière tentative de Renault dans le haut de gamme. Un échec total. Pourtant, la démarche était intelligente : plutôt que d’attaquer les allemands frontalement, les designers avaient décidé de miser sur la différenciation, en s’inspirant du luxe à la française, représenté par les maisons de haute de couture. Las, cette ligne baroque n’a jamais plu et la voiture était très mauvaise, ce qui ne pardonne pas dans cette catégorie. Même punition pour l’Avantime à la même époque.

La référence de l’époque : Audi A6

Morgane Aero 8 – 2001-2008

Assez curieusement, Morgan, vénérable marque britannique qui sort un nouveau modèle tous les quarante-cinq ans, a inventé la voiture qui louche. Opération suicide, soldée par un désastre commercial que même un aveugle aurait certainement pu prévoir. Heureusement, la voiture a obtenu d’inattendus succès en compétition face à des Ferrari ou Porsche GT3.

La référence de l’époque : Porsche Boxster

Peugeot 309 – 1985-1993

Comme le diable, l’esthétique se niche dans les détails. Prenez cette Peugeot 309, d’une laideur qui s’exprime uniquement de l’arrière. Eh bien figurez-vous qu’elle partage 80% de sa ligne avec le modèle plus successfull de l’histoire de la marque, sa majesté 205. Rallongée de quelques centimètres pour accueillir un coffre généreux -et faire croire qu’il s’agissait d’une familiale-, la star s’est transformée en voiture totalement ringarde. En style, la radinerie ne paie pas.

La référence de l’époque : Honda Civic

Renault 7 – 1974-1982

Même concept, même punition que la Peugeot 309. Cette fois, c’est la fantastique Renault 5 (meilleure voiture française du siècle dernier ?) qui a servi de base à cette petite berline trois volumes. La Siete (sept en français), heureusement jamais vendue chez nous, s’adressait au marché espagnol où les voitures à coffre rencontraient un succès bien plus grand que les modèles à hayon. Pas pour des considérations esthétiques en tout cas.

La référence de l’époque : Renault 5

Dacia Lodgy – 2002-2016

Si le monospace Dacia est unanimement reconnu comme l’une des autos les plus intéressantes du marché -rapport prix/habitabilité imbattable-, on ne peut pas dire que son look ait fait l’objet d’un gros investissement. Eloge de la simplicité, la ligne de la Lodgy se résume à un gros container vitré posé sur des quatre roulettes.

La référence du moment : Citroën C4 Picasso

LES DANGEREUSES

Quand une auto de série se prend pour une voiture de course, l’aventure se termine souvent dans le décor. Mais parfois, d’autres raisons aboutissent à la mise sur le marché de cercueils roulants : des 4X4 qui s’aventurent sur la route ou tout simplement une incompétence des concepteurs.

Porsche 550 Spyder – 1953-1956

Célèbre pour être la voiture avec laquelle James Dean trouva la mort, la Porsche 550 Spyder était surnommée little bastard par l’idole des jeunes de l’époque. Sa propension à vous expédier hors de la route sans préavis aura causé d’autres décès moins célèbres. Il est vrai qu’aucune protection ne venait alourdir la voiture, et qu’en cas de tonneau, c’est le crâne des occupants qui faisaient office d’arceau.

La référence de l’époque : Jaguar D-Type

Ferrari 348 – 1989-1995

Sans aucun doute, l’une des pires Ferrari de l’histoire. Pourtant, la 328, qui la précédait, et la F355 qui lui succéda, furent d’excellentes voitures. Difficile d’expliquer pourquoi sa tenue de route était si aléatoire. Le châssis se tordait dans tous les sens en virage et la version cabriolet s’avérait inconduisible à un rythme sportif. Le freinage était timide et la finition honteuse venaient achever de noircir un tableau désastreux. Sa petite cote actuelle (45 000 €) témoigne de sa difficile carrière.

La référence de l’époque : BMW 850 CSi

Opel Corsa – 1993-2000

Opel n’a jamais été un grand spécialiste des suspensions. Mais là, avec la Corsa deuxième génération, on touche le fond. C’est le cas de le dire, tant les nids-de-poule ou ralentisseurs se rappellent directement aux vertèbres des occupants. Dans sa version sportive GSI, on atteint le niveau danger, car les performances étaient élevées. Dommage, la voiture était très mignonne, ce qui sauvera un peu sa carrière commerciale.

La référence de l’époque : Renault Clio

Lamborghini Miura – 1966-1973

Mais que vient faire l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire de l’automobile dans ce dossier ? Car si la Miura est une voiture de légende et que sa cote dépasse aujourd’hui le million d’euros, ce n’est pas pour ses qualités routières. A l’époque, l’aérodynamique n’était qu’improvisation. Ainsi, on se demande bien qui a pu mesurer la vitesse maxi, donnée pour plus de 280 km/h, sachant que la voiture s’allégeait tellement avec la vitesse que son train avant décollait du sol à partir de 240 ! Une œuvre d’art, point.

La référence de l’époque : Ferrari Daytona

Range Rover – 1994-2001

A l’origine, personne ne se préoccupait de savoir comment les (rares) 4X4 se comportaient sur la route. Avec l’avènement du phénomène SUV, il a fallu aux ingénieurs adapter ces pachydermes aux exigences d’une conduite dynamique. Dans ce domaine, la deuxième génération de Range Rover s’est révélée assez désastreuse, avec d’immenses prises de roulis et une propension au retournement inquiétante. Pas de problème à vitesses raisonnables, mais comme la voiture disposait de gros moteurs puissants…

La référence de l’époque : BMW X5

Ariel Atom – Depuis 2007

Pourquoi vouloir autant de mal à ses clients quand on en a si peu ? L’Ariel Atom, auto britannique, a été développée à partir du rêve de tout passionné de voitures sportives : rouler sur la route dans une monoplace de course. Sauf que la route n’est pas un circuit : on y trouve des arbres, de paisibles usagers, des camions et d’autres obstacles en tous genres. Cette auto n’a donc rien à y faire, d’autant qu’elle ne dispose d’aucune aide à la conduite ou protection style airbag ou pare-chocs. L’acteur Jocelyn Quivrin a trouvé la mort au volant d’une Ariel en 2009. 

La référence de l’époque : Audi TT Quattro

LES PENIBLES

A quoi reconnait-on une mauvaise voiture ? Parfois à un seul énorme défaut lié à l’agrément, dont la portée suffit à décourager les acheteurs. Mais dans notre sélection, certaines ont malgré tout réussi une belle carrière.

Suzuki Vitara – 1988-1995

Coqueluche des années 90, le petit Vitara fut l’un des premiers 4X4 urbains à succès. Problème, Suzuki est plutôt un constructeur de motos et ne sait pas trop faire de voitures. Et son SUV a été conçu pour rouler dans la brousse, sans la moindre ambition en termes de confort. Combien d’hernies discales, de lumbagos ou de tassements de vertèbres aura-t-il causé ? La version toit en toile n’était étanche, ni sûre, ni utilisable sur autoroute.

La référence de l’époque : Toyota Rav-4

Fiat Croma TDI – 1988-1996

En 1988, l’injection directe est une technique déjà utilisée sur les moteurs d’utilitaires. Fiat va sauter le pas et adapter ce principe, permettant une belle économie de carburant, sur une auto destinée aux particuliers. Ce sera cette Fiat Croma TDI, qui sera suivie par les constructeurs du monde entier jusqu’à aujourd’hui. Mais, malgré sa mécanique bien encapsulée, claquements, vibrations et grondements en tous genres la rendaient insupportable à l’usage. Une vraie pelleteuse.

La référence de l’époque : Mercedes C200 CDI

Audi A2 – 2000-2005

Pourquoi l’Audi A2 a-t-elle été un échec commercial ? Bizarrement, pas du fait de son principal défaut : une suspension épouvantable. Peu de gens le sauront puisque la production sera interrompue moins de cinq ans après le lancement. La faute à un tarif élevé et une carrosserie en aluminium inédite pour une citadine, mais ingérable en termes de réparation pour une citadine. Son look, pourtant très réussi, mais peut-être trop avant-gardiste, n’a pas aidé.

La référence de l’époque : Mercedes Classe A

BMW 525e – 1983-1987

Motoriste de légende, BMW a aussi connu ses petits égarements. En 1983, la marque à l’hélice décide de produire une voiture basse énergie (origine du e à la place du i de 525). Pneus ballons étroits, boîte ultra-longue et moteur six cylindres essence dégonflé à 125 chevaux. Plus que les chiffres, déjà pas fameux, c’est la sensation d’être au volant d’un sacré veau qui prédomine. La « e » sera un échec commercial et BMW ne tentera plus ce genre d’expérience.

La référence de l’époque : BMW 528i

Renault Fluence – 2011-2017

Voilà une auto dont l’étude de marché aboutissait à une prévision de ventes extrêmement précise : zéro voiture vendue par an. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que cette grande familiale 100% électrique est objectivement inutilisable. Taillée pour les longs voyages du fait de ses dimensions, il lui faut une semaine pour faire un aller-retour Paris-Marseille (temps de charge compris bien entendu). Dotée d’une autonomie réelle inférieure à 100 km, demandant un temps de charge d’une dizaine d’heure (pour moins d’une heure d’utilisation donc) et affichée à un tarif dissuasif, elle n’a donc rencontré aucun public et surtout contribué à la mauvaise image des véhicules électriques. Mais qui a pu croire à une telle fable chez Renault ?

La référence de l’époque : Opel Ampera

Volkswagen 411 – 1968-1974

La 411 voit le jour à une époque où VW, dépendante de la Coccinelle depuis trente ans, doit absolument se diversifier, mais utilise pour cela les mêmes principes que pour son best-seller. Ainsi, cette grande berline conserve-t-elle l’architecture avec moteur arrière refroidi par air, totalement inadaptée pour une familiale. Résultat, les rares propriétaires conservent le souvenir d’une voiture qui n’excellait en rien : tenue de route très approximative, confort moyen, performances anémiques et fiabilité plus qu’aléatoire.

La référence de l’époque : Renault 16

LES VEAUX

Bien sûr, les performances ne sont plus à la mode, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Jusqu’à un passé récent, il fallait qu’une voiture soit nerveuse pour séduire. De toute façon, les modèles de notre sélection feraient pleurer d’ennui le plus placide des conducteurs d’aujourd’hui.

Mercedes 220D – 1968-1973

Et voici la reine de la route des années 60. Enfin, presque. Pour cela, il fallait la choisir en moteur essence, car avec sa mécanique diesel, cette prestigieuse berline avait bien du mal à se mouvoir : 1 375 kg et 60 chevaux permettaient d’atteindre 135 km/h sur les autoroutes allemandes à la vitesse libre ! Pire que tout, elle mettait plus de 28 secondes pour atteindre 100 km/h. Des données totalement inconcevables aujourd’hui, où la moindre citadine d’entrée de gamme met deux fois moins de temps sur le même exercice.

La référence de l’époque : Mercedes 250 essence

Ferrari Mondial 8 – 1980-1982

Une Ferrari dans la rubrique veaux ? Bien sûr, on pourra trouver bien des modèles moins performants que cette Mondial, mais ses prestations étaient indignes de la marque. A l’époque, la moindre berline sportive faisait mieux. Jugez plutôt : 214 chevaux, 219 km/h et 29,3 secondes sur le kilomètre départ arrêté. Des valeurs ridiculisées par une GTI des années 90. Ceci dit, elles valent à peu près le même prix aujourd’hui.

La référence de l’époque : Porsche 911 Turbo

Volvo 240 – 1974-1993

Ah, les Volvo de la grande époque ! Dire qu’elles nous manquent serait exagéré, mais la sensation de conduire un camion avec un simple permis B reste un moment d’extase. Lourds (1 300 kg) et totalement sous-motorisés (82 chevaux avec un moteur essence), les chars d’assaut de la Série 200, emblématiques des années 70, permettaient en tout cas d’admirer paisiblement le paysage, même pied au plancher.

La référence de l’époque : BMW 528i

Simca Ariane 4 – 1957-1963

Le downsizing avant l’heure. Equipée à l’origine d’un V8, cette belle carrosserie d’américaine passée sous licence Simca pour l’Europe, a finalement hérité d’un 4 cylindre 1,3 l de 47 chevaux SAE ! Soit environ 40 de nos chevaux d’aujourd’hui. La voiture faisait son petit effet tant qu’elle restait sagement stationnée.

La référence de l’époque : Jaguar MK 2

Peugeot 504 LD – 1970-1978

Peugeot spécialiste du diesel ? Oui, pionnier même, mais à quel prix. Tenez-vous bien, cette 504 LD de 1970, voiture familiale par excellence, culminait à 50 chevaux ! Avec cinq occupants et la caravane, imaginez l’expédition pour les vacances. Heureusement, il n’y a avait pas vraiment d’autoroute en France à l’époque.

La référence de l’époque : Alfa Romeo 1750

Volkswagen XL1 – 2013-2014

Bon évidemment, il s’agit plus d’un exercice de style que d’une véritable voiture de série. D’ailleurs, en fixant le tarif à 108 000 €, Volkswagen n’avait réservé cette voiture qu’à quelques riches militants écolos, et encore. Toujours est-il que la XL1 tient ses objectifs en matière de consommation (moins de 1 l/100 km en cycle officiel). Et comme elle n’avait rien promis en performances, contentons-nous de constater qu’elle mérite haut la main son titre de veau de la décennie, grâce à ses deux moteurs de 48 et 27 ch.

La référence de l’époque : Opel Ampera

LES BRICOLEES

Ici, tout est question d’argent. Concevoir une auto solide à la finition soignée, passe par une volonté d’investissement budgétaire. Et si certains y rechignent, c’est parce que la qualité reste dans un premier temps un atout invisible. Mais avec le temps, tombent les masques et naissent les mauvaises réputations

Citroën BX – 1982-1994

A cette époque, Citroën vivait sur les cendres de son image de marque innovante, construite sur la Traction et la longue lignée des DS. Entamée dans les années soixante-dix, cette traversée du désert durera plus de vingt ans. Deux décennies durant lesquelles la firme aux chevrons produira des autos à la qualité de fabrication absolument effroyable. L’habitacle de cette BX donnait des signes de faiblesse dès l’état neuf. Quant à la suspension hydraulique, elle n’apportait que des soucis comme tous les modèles de la marque qui en étaient équipés. Petite mention spéciale à la version rallye 4TC, qui sera la risée du monde sportif à la l’époque des Groupes B.

La référence de l’époque : Mercedes 190

Nissan Micra – 2002-2010

Nous sommes en 1999. A la surprise générale, Nissan, qui a beaucoup investi ces dernières années, est au bord de la faillite et doit conclure une alliance avec Renault qui en prend le contrôle. Pour sauver la marque, Carlos Ghosn le nouveau président, entreprend la relance en même temps qu’un plan de réduction des coûts. Une stratégie qui se traduit par des nouveaux modèles au look séduisant, mais fabriqués à l’économie. La Micra, voiture la plus cheap de sa catégorie et accablée par des vices cachés, en constituera la plus triste illustration.

La référence de l’époque : Toyota Yaris

Triumph TR7 – 1975-1981

Marque emblématique d’une industrie automobile disparue, Triumph produisait des voitures sportives de caractère qui n’avaient rien à envier aux belles Alfa ou BMW de l’époque. Problème, ces petites anglaises étaient encore moins fiables que les italiennes. C’est bien simple, dans cette magnifique TR7, tout tombait en panne ou en ruine : moteur, carrosserie, habitacle… La marque n’aura pas survécu aux années 80.

La référence de l’époque : Alfa Romeo GTV Bertone

Maserati Biturbo – 1983-1994

Qu’il est injuste de retrouver la petite Maserati dans ce palmarès. Grâce à elle, la marque est sortie de ses cendres au début des années 80 et perdure aujourd’hui brillamment sous la houlette de Ferrari. Trait d’union entre les deux époques, cette génération Biturbo, qui concentrait à peu près tous les défauts qu’une auto puisse offrir, se distinguait par une finition épouvantable, habilement camouflée par des matériaux haut de gamme (cuir, Alcantara), mais aussi d’imitation grossière, tel le faux bois de la planche de bord. Heureusement, les moteurs faisaient tout oublier.

La référence de l’époque : BMW Série 3

Jaguar XJ Série 2 et 3 – 1973-1986

S’il existait des statistiques officielles, les Jaguar de cette époque auraient certainement remporté la palme des voitures les moins fiables du monde. Dans une XJ, tout tombait en panne : les faisceaux électriques, les injections, les accessoires et même les moteurs. Heureusement, les belles berlines continuaient à utiliser les meilleurs cuirs et bois, ce qui a permis à la marque de conserver quelques clients et d’exister encore aujourd’hui après son rachat par l’indien Tata. Depuis ce changement de propriétaire, la marque au félin est devenue l’une des références dans la voiture de sport, tous critères confondus.

La référence de l’époque : Mercedes Classe S

Citroën C-Zéro – Peugeot Ion – 2010-2015

Déjà, appeler une voiture phonétiquement “c’est zéro” aurait dû alerter les quelques esprits lucides de la marque aux chevrons. Prémonitoire, le concept débouchera sur des ventes du même niveau. S’agissant de mettre sur le marché une auto 100% électrique à un tarif acceptable, le groupe PSA a limité la finition de ces deux modèles identiques à un niveau que même l’industrie du jouet n’aurait pas osé proposer. Inimaginable.

LES STARS

De façon absolument irrationnelle, l’automobile fait partie de ces rares secteurs où un mauvais produit peut parfois traverser les âges avec succès. Il en est ainsi de quelques modèles devenus stars, en dépit de leurs gros défauts, et pour certaines icônes, parfaitement assumés.

Austin Mini – 1959-2000

Totalement inconfortable, tout le temps en panne de quelque chose, pas pratique, peu sûre et relativement chère. Des défauts connus de tous, y compris de ceux qui ne voulaient échanger leur Mini contre aucune autre voiture. En rachetant la marque, BMW l’a bien compris et a poussé le vice marketing à conserver certains atavismes de la version originale, notamment sur les aspects pratiques et le confort.

Les références de l’époque : Fiat 500, puis Renault 5, puis Peugeot 205

Volkswagen Golf 3 – 1991-1997

Episode oublié de la saga Golf, le troisième opus commercialisé entre 1991 et 1997, s’avérera absolument désastreux en termes de qualité. Aujourd’hui encore, il apparait difficile de comprendre ce qui s’est passé chez Volkswagen dans cette période. Peut-être l’influence du méchant José Ignacio Lopez, cost killer redouté, et dont une sombre affaire d’espionnage précipita la fin. Tout tombait en panne dans cette voiture dont il ne subsiste vingt ans plus tard que très peu d’exemplaires.

La référence de l’époque : La Golf, croyait-on !

Volkswagen Coccinelle – 1938-2003

A qui faire croire qu’une auto née en 1938 pouvait être encore compétitive dans les années 60, 70 et même 80 ? La Coccinelle a traversé les décennies en conservant son architecture d’origine, et ses défauts. Le moteur, positionné en porte-à-faux arrière et refroidi par air, occasionnait une tenue de route peu rassurante et un volume sonore assourdissant. A l’intérieur, le tableau de bord en fer et l’instrumentation réduite au minimum, ne contribuait pas vraiment à l’agrément général, proche de zéro. Imaginez la transition avec la Golf au milieu des années 70… Ceci dit, il n’y a pas de règle : Porsche a démontré avec la 911, qu’une auto pouvait rester une référence de sa catégorie durant plus de cinquante ans.

Les références de l’époque : Peugeot 201, puis Simca 1100, puis VW Golf

Toyota Prius – 1997-2003

En 1997, la première version de la Prius n’est qu’un brouillon en guise de manifeste pour Toyota, bien décidé à s’investir sur le marché encore inexistant de la voiture propre. Utilisant la technologie hybride -un moteur thermique classique associé à un petit moteur électrique-, elle en oublie tout le reste : ligne ingrate, matériaux de piètre qualité, performances indigentes, prix élevé… Quatre générations plus tard, la Prius actuelle est arrivée à maturité, en même temps qu’elle a trouvé ses clients.

La référence de l’époque : Audi A4

Jaguar Type E – 1961-1973

Comme pour toutes les stars, il aura été beaucoup pardonné à la capricieuse Type E, plus particulièrement dans cette troisième évolution. Comme les anglaises de ces périodes, sa fiabilité ne résistait pas à l’usure du temps. La version V12 pouvait même être considérée comme « en panne » dès la conception, son entrée d’air avant se révélant trop réduite pour permettre un bon refroidissement du moteur. Et tout le reste était à l’avenant. Mais quelle ligne !

La référence de l’époque : Dino 246

AWZ Trabant 601 – 1964-1990

L’image de la Trabant va bien au-delà de la voiture star puisqu’elle constituait le seul modèle disponible pour la population d’Allemagne de l’Est jusqu’à la chute du mur. Inutile d’égrener ici la liste de ces défauts, ce serait tirer sur un corbillard. Depuis sa disparition, les Mercedes S et Audi A8 circulent dans les rues de Berlin en émettant deux fois moins de gaz toxiques.

La référence de l’époque en RDA : aucune

LES « TOUT A LA FOIS »

En toute logique, c’est par un feu d’artifice que se termine notre méchant dossier, avec des voitures capables de faire couler une marque entière.

Austin-Rover Metro – 1980-1998

Succéder à la Mini n’était une chose facile. Du moins dans l’esprit, car techniquement, la barre n’était pas très haute. Pourtant, Austin va réussir à concevoir une auto tout aussi dramatique en termes de fiabilité, encore plus inconfortable, en y ajoutant une tenue de route incertaine. Certes, elle aura bien été aidée par le reste de la gamme, mais la Metro aura ainsi réussi l’exploit unique de faire couler deux constructeurs, Austin, puis Rover. Qui dit mieux ?

La référence de l’époque : Peugeot 205

Lamborghini Jalpa – 1982-1988

Aujourd’hui, une Jalpa pourrait prétendre à une cote millionnaire sur le marché de la voiture de collection tant elle est rare : 400 exemplaires produits et beaucoup moins encore en circulation.  Pourtant, elle ne trouve preneur que contre quelques dizaines de milliers d’euros. La raison ? Très simple, cette auto ne peut être gratifiée d’aucune qualité. Et pour la faire rouler, le plus simple est d’acheter directement une dépanneuse ou un plateau en complément.

La référence de l’époque : Ferrari 328

Lada Samara – 1984-2013

Difficile d’oublier Lada dans le palmarès des pires voitures du siècle et d’aujourd’hui. La Samara s’est pourtant remarquablement bien vendue, mais essentiellement dans son pays d’origine, l’URSS puis la Russie, contrées dans lesquelles les standards automobiles restent tout de même très éloignés des nôtres. Même en cherchant bien, cette voiture n’avait décidemment aucun point fort.

La référence de l’époque : Volkswagen Passat

Citroën Axel – 1984-1990

Vous l’attendiez certainement et nous ne l’avons pas oubliée. Avec l’Axel, Citroën a certainement touché son point le plus bas, en termes de style, de qualité de fabrication d’image et de prestations. De tout en fait. Le pauvre André a dû se retourner dans sa tombe. Initialement réservée aux pays émergents, fabriquée en Roumanie et distribuée en France dix ans après sa conception, elle concentre à elle seule toutes les erreurs commises par Citroën durant ces années noires. Un miracle que la marque s’en soit relevée.

La référence de l’époque : Peugeot 205

Daihatsu Terios – 1997-2006

Une fois à l’endroit, une fois à l’envers. Le petit 4X4 Daihatsu a été imaginé pour le franchissement et vendu surtout… en milieu urbain, comme tous ces petits baroudeurs dont raffolent les citadins. Le problème, c’est que cet engin a été conçu par des inconscients : au test de l’évitement, le Terios par instantanément en tonneau ! Une voiture de ligne droite donc. Et au style vraiment ingrat.

La référence de l’époque : Fiat Panda 4X4

Nissan Leaf – 2010-2017

La Nissan électrique doit sa présence ici, essentiellement du fait de son titre de Voiture de l’année 2011. Sans cela, nous l’aurions laissée à sa diffusion confidentielle, sans rappeler qu’une auto 100% électrique ne correspond actuellement à aucun usage. Ce qui est bien dommage, mais tant que le monde n’aura pas changé (prises de recharges partout, notamment dans les parkings privés en ville), ces voitures peu utilisables et fort coûteuses à l’achat, continueront de n’intéresser personne. Surtout celle-là, particulièrement laide et mal finie.

La référence de l’époque : BMW i3



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