Car Life
Les 100 voitures qui ont fait l’histoire de l’automobile [4/8]

Après plus de cent ans d’existence, et parvenue à une époque cruciale de son développement, l’automobile peut légitimement revendiquer son entrée dans les livres d’histoire. Un passé qui fascine maintenant tous les amateurs de voitures, y compris les plus jeunes, intérêt grandissant à mesure que les restrictions routières nous incitent à nous déplacer différemment (plus de moteur thermique ? voire plus de conducteur un jour ?). Guide pratique pour le débutant, mini encyclopédie pour l’amateur éclairé, mémo forcément contestable pour l’expert, ce grand dossier n’a d’autre vocation que de susciter passion, étonnement et parfois émerveillement devant ce parterre de jouets éternels.

4. Les incomprises

Phénomène désormais bien connu dans le monde de la voiture de collection, une auto de marque prestigieuse qui rate sa carrière commerciale finit toujours par devenir collector. Assez rare, parce qu’elle s’est peu vendue (pardon pour le pléonasme) ou parfois, parce qu’elle avait raison trop tôt…

BMW M1

De façon absolument inexplicable, BMW n’a jamais réussi à imposer une GT haut de gamme à sa clientèle. C’est bien simple, des 507, M1, Z8 ne resteront que des catastrophes industrielles (455 exemplaires vendus en trois ans pour cette M1 !), quand dans le même temps, Porsche bien sûr, mais aussi Mercedes, ont enfilé les succès comme des perles dans cette catégorie, tout comme Audi avec la R8. La M1 avait pourtant tout pour elle, y compris un plan marketing XXL, avec les courses organisées avec les pilotes de F1 de l’époque.

Delahaye 135 M

Faisons un rêve. A notre époque où les autos se vendent à 50% sur leur ligne et à 50% sur leur image, quel industriel serait assez fou et visionnaire (ça va souvent ensemble) pour relancer la marque Delahaye ? Attention, pas comme simple prétexte marketing tel que Citroën l’a fait avec DS. Non, une vraie Delahaye à la ligne aussi sublime, aussi dingue que cette 135 M, modernisée, homologable (ce n’est pas gagné !) et dotée de toutes les nouvelles technologies. Et pourquoi pas après tout ? Volkswagen a bien ressuscité Bugatti…

Fiat Dino Coupé

Là encore, voici un pur produit né des besoins de la législation sportive. En 1966, Ferrari veut homologuer un moteur en Formule 2. Pour cela, il doit être produit à 500 exemplaires. Aucune Ferrari n’étant capable d’assurer rapidement un tel volume commercial, c’est vers Fiat que se tournera le commendatore. Ainsi est née cette magnifique Dino, mais l’association de la marque la plus populaire d’Italie et la plus prestigieuse du monde va brouiller l’image de cette performante GT. Aujourd’hui, la Dino tient sa revanche sur le marché de l’ancienne.

De Tomaso Pantera

Ils ont été quelques-uns, dans ces années-là, à nourrir le rêve d’un destin à la Enzo Ferrari. Alejandro de Tomaso était un talentueux homme d’affaire argentin, passionné d’automobile et ses productions se voulaient exclusives, racés et authentiques. Mais à la différence des autres petits constructeurs passés à la postérité (Ferrari, Maserati, Lamborghini, Aston Martin…), de Tomaso ne fabriquera jamais ses moteurs, se contentant d’insipides mécaniques Chrysler. La fiabilité effroyable du reste de l’auto finira par emporter la marque au premier vent contraire.

Alfa Romeo Montreal

Mais pourquoi, bon sang, la ligne exceptionnelle de la Montreal a-t-elle toujours été critiquée ? Pire, les collectionneurs n’ont pas voulu en entendre parler plus de trente ans après l’arrêt de sa production ! Réhabilitée ces trois dernières années, l’œuvre de Bertone peut être considérée encore comme sous-cotée. Bien sûr, sa fiabilité est aléatoire et son comportement routier est pataud, mais il ne faut pas non plus se raconter d’histoires : une ancienne n’est pas faite pour rouler comme en rallye, autant acheter une Renault Clio RS qui fait ça très bien.

Lamborghini Espada

Avec une telle ligne, l’Espada divise forcément. Il y a ceux qui la trouvent laide, et qui ont été largement majoritaires durant près de cinquante ans. Les autres, maintenant plus nombreux, la considèrent comme une des autos les plus marquantes de l’histoire de l’automobile. Comment pourrait-il en être autrement ? L’Espada est une authentique 4 places, son style symbolise à lui seul l’audace des années soixante-dix et, sublime privilège, dispose sous son capot avant du V12 de la Miura. Un modèle d’avenir encore sous-coté, comme toutes les 4 places.

Ferrari 365 GT/4 – 400i – 412

Même conception (4 places, V12 avant), même punition pour la lignée des Ferrari 400 que pour l’Espada, bêtement boudée par les puristes. Les dernières ventes démontrent que cette œuvre sublime de Pininfarina a commencé sa réhabilitation.  Car admirer, puis conduire cette auto reste un immense plaisir. Elle n’est pas sportive pour un sou mais, répétons-le, cette carence peut se transformer en qualité pour une voiture ancienne. Nous n’irons pas jusqu’à conseiller la désuète boîte auto américaine à 3 rapports, c’est une GT quand même !

Facel Vega II

Et voici la dernière marque de voitures de luxe la française. Perdue corps et biens. Qu’a-t-il manqué à Facel pour devenir le Dior, le Chanel, le Hermès de l’automobile ? Rien en réalité, car la voiture en elle-même était d’une sublime élégance et ses performances s’avéraient largement supérieures à celles des Mercedes SL et Jaguar Type-E qu’elle était censée concurrencer. Non, déjà à l’époque, il a fallu se rendre à l’évidence que certains travers de notre pays nous interdisent d’assumer socialement une voiture de luxe. Fermez le ban.

Ferrari Dino 308 GT4

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Qui sont-ils, ceux que l’on dénomme puristes ? Des journalistes ? Des promeneurs ? Des vendeurs de voitures ? Certainement pas des acheteurs d’anciennes. Car ils se trompent pratiquement tout le temps. Dans la longue liste des modèles « qui ne vaudront jamais rien », voici la Dino 308 GT4, seule Ferrari de série dessinée par Bertone, dotée du premier V8 de la marque (et quel V8 !) et dont la cote a été multipliée par trois en dix ans. A l’usage, la Dino est un régal à conduire et sa fiabilité, contrairement aux ragots, est sans faille.

BMW 507

Après la disparition de l’éphémère 507 (254 exemplaires produits en 4 ans !), les explications de son désastre commercial, qui a failli coûter la vie à la marque, tenaient presque exclusivement à son prix exorbitant. Or, l’histoire va nous démontrer que BMW ne réussira finalement jamais à imposer une GT de prestige type Audi R8 d’aujourd’hui. Un mystère d’autant plus profond que la 507 et ses successeurs (M1, Z8) étaient des autos remarquables, sublimement dessinées et dont les cotes actuelles atteignent des sommets justifiés.

Dino 246 GT

Incroyable élitisme : en cette année 1969, la gamme Ferrari, plus de vingt ans après sa création, n’a produit que des modèles à moteur V12, quand Aston, Porsche ou Jaguar ne proposent encore que des 6 cylindres et Mercedes ou Maserati, au maximum des V8, tout comme les grosses américaines. Alors, pour ne pas altérer le mythe, quand Ferrari lance la 246 dotée d’un V6, Enzo crée une sous-marque, du prénom de son fils disparu. Précaution inutile : la blason Dino finira par être remplacé par Ferrari… à la demande des clients.

Iso Rivolta Griffo

A l’époque, comme aujourd’hui, ils sont nombreux à vouloir créer une marque de voitures de sport. Trop nombreux. La taille du marché démontre qu’il y en a deux fois trop dans les années soixante. Résultat, il n’en restera pratiquement plus aucune après la crise de 1973. Parmi les disparues, ISO sera l’une de celles que l’on pleurera le plus. Le style ayant été confié aux plus grands designers, les ISO feront date, mais l’adoption de moteurs américains ne permettra pas à ce type de marque d’atteindre le prestige de Ferrari ou Lamborghini.

Monteverdi High Speed 375s

Mais oui, la Suisse a produit des modèles automobiles. Et pas n’importe lesquels, dans le haut de gamme, évidemment. Peter Monteverdi, c’est un peu le Ferruccio Lamborghini helvète. Premier concessionnaire Ferrari du pays, il se brouille avec Enzo Ferrari (quelle originalité) et décide dans lancer sa propre marque. La Suisse a beau être l’un des pays les plus riches du monde, les Monteverdi ne connaitront jamais le succès, malgré un très beau style signé Frua et des performances élevées… mais là aussi, obtenues avec de vulgaires moteurs Chrysler.



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