Après plus de cent ans d’existence, et parvenue à une époque cruciale de son développement, l’automobile peut légitimement revendiquer son entrée dans les livres d’histoire. Un passé qui fascine maintenant tous les amateurs de voitures, y compris les plus jeunes, intérêt grandissant à mesure que les restrictions routières nous incitent à nous déplacer différemment (plus de moteur thermique ? voire plus de conducteur un jour ?). Guide pratique pour le débutant, mini encyclopédie pour l’amateur éclairé, mémo forcément contestable pour l’expert, ce grand dossier n’a d’autre vocation que de susciter passion, étonnement et parfois émerveillement devant ce parterre de jouets éternels.
6. Les brutes
Elaborées pour les besoins de la compétition, ou pour le faire croire, ces petites pestes ont assuré de nombreux succès à leurs marques et à leurs pilotes, mais aussi remplit quelques cimetières. Heureusement, la valeur de ces objets atteint de tels niveaux, que bien peu se risquent désormais à les pousser dans leurs derniers retranchements.
Porsche 911 Carrera RS
C’est la plus cotée de toutes les 911. Née pour les besoins de la course, la Renn Sport a été diffusée à 500 exemplaires pour l’homologation, dans une version ultra-light (moins de 1 000 kg), puis une deuxième série baptisée Touring, pour le commerce. Il est d’ailleurs à moitié injuste de la qualifier de brute : la RS sait parfaitement évoluer dans la circulation sans trop martyriser ses occupants. Non, c’est quand le rythme s’accélère, quand l’on parle de pilotage, que la belle devient violente. Efficace, mais pas avec n’importe qui au volant et pas n’importe où.
- Période : 1972-1973
- Production : 1 580 exemplaires
- Moteur : 6 cyl. à plat, 2 687 cm3
- Puissance : 210 ch
- De 0 à 100 km/h : 5s8
- Vitesse maxi : 245 km/h
- Prix neuf en 1972 (en F/€ constants) : 79 000 €
- Cote 2008 : 100 000 €
- Cote 2020 : 520 000 €
Alpine A110
Evidemment, avec le retour de la marque Alpine dans les showrooms, on n’a jamais autant parlé de la Berlinette originelle. Avec des effets bénéfiques sur sa cote. Ce n’est que justice, tant cette voiture peut être considérée comme une légende dans le monde de la compétition. Comme nombre de petits constructeurs qui n’avaient pas les moyens de s’offrir un moteur spécifique et puissant, son concepteur, Jean Rédélé, misera sur un poids ultra réduit. Le bon choix, car si la puissance ne sert qu’en ligne droite, la légèreté se ressent partout !
- Période : 1962-1977
- Production : 7 176 exemplaires
- Moteur : 4 cyl. en ligne, 1 565 cm3
- Puissance (1600 S) : 125 ch
- De 0 à 100 km/h : 7s9
- Vitesse maxi : 215 km/h
- Prix neuf en 1964 (en F/€ constants) : 40 000 €
- Cote 2008 : 40 000 €
- Cote 2020 : 85 000 €
Ferrari F40
Tout amateur de belles voitures vit avec un œil et une oreille braqués sur ce qui se trame du côté de Maranello. La F40 est née accompagnée de roulements de tambours et de signes du destin. D’emblée, elle se voulait exclusive, radicale, sans compromis, une sorte de manifeste du parti Ferrariste, la synthèse de tout ce que Ferrari savait faire, en matière de voitures de route et aussi sur les pistes. Elle se voulait la plus sportive et la plus rapide du monde ; et c’était vrai. Son nom de baptême honorait le quarantième anniversaire de Ferrari. Beau cadeau.
- Période : 1987-1991
- Production : 1 315 exemplaires
- Moteur : V8 + Turbo, 2 936 cm3
- Puissance : 478 ch
- De 0 à 100 km/h : 4s7
- Vitesse maxi : 324 km/h
- Prix neuf en 1988 (en F/€ constants) : 433 000 €
- Cote 2008 : 240 000 €
- Cote 2020 : 900 000 €
Audi Quattro Sport
Non, cette Quattro Sport « châssis court » n’a rien à voir avec la Quattro « tout court ». Celle-ci est une bête féroce, un fauve, né de la nécessité de faire évoluer la Groupe B de rallye qui gagnait tout, jusqu’à l’arrivée de la compacte Peugeot 205 T16. Autant la première version était une auto civilisée, autant Audi ne s’est pas embarrassée de fioritures avec la Sport à empattement réduit. Bien sûr, la présentation est très luxueuse, mais il ne s’agit que d’un habile maquillage, car sous le cuir se cache une auto de course, ultra rigide, ultra violente, ultra performante.
- Période : 1985-1986
- Production : 200 exemplaires
- Moteur : 5 cyl. en ligne + turbo, 2 133 cm3
- Puissance : 306 ch
- De 0 à 100 km/h : 4s9
- Vitesse maxi : 250 km/h
- Prix neuf en 1985 (en F/€ constants) : 238 000 €
- Cote 2008 : 110 000 €
- Cote 2020 : 350 000 €
Dauer 962
On touche là au summum (au ridicule ?) de la voiture prétexte à l’homologation en course. Si les autres monstres présents dans ce dossier sont tous des engins de route qui ont été transformés en machine de compétition, là, c’est l’inverse. Et pas de n’importe quel engin, pas une voiture de rallye, non, un sport-prototype échappé des 24 H du Mans, la Porsche 962 ! Le malin Jochen Dauer acheta donc des Porsche 962 à l’usine et les fit homologuer à titre individuel. Et évidemment, face aux GT de série, la Dauer a gagné le Mans.
- Période : 1994-1997
- Production : 13 exemplaires
- Moteur : 6 cyl. à plat + turbo, 2 994 cm3
- Puissance : 730 ch
- De 0 à 100 km/h : 2s8
- Vitesse maxi : 402 km/h
- Prix neuf en 1995 (en F/€ constants) : 2 150 000 €
- Cote 2008 : ns
- Cote 2020 : ns
Porsche 550 RS
La 550 RS (ou Spyder) restera à jamais la voiture avec laquelle James Dean trouva la mort. De quoi lui assurer une célébrité éternelle, mais aussi faire oublier qu’il s’agissait d’une incroyable bête de course, capable de ridiculiser dans les épreuves routières des autos deux fois plus puissantes. N’oublions pas qu’à l’époque, Porsche est une marque chroniquement pauvre, qui parvient à remporter un nombre incalculable d’épreuves grâce au génie de ses ingénieurs et techniciens. Si elles valent si chères aujourd’hui, ce n’est donc que justice.
- Période : 1953-1956
- Production : 90 exemplaires
- Moteur : 4 cyl. à plat, 1 498 cm3
- Puissance : 137 ch
- De 0 à 100 km/h : 8s2
- Vitesse maxi : 225 km/h
- Prix neuf en 1955 (en F/€ constants) : 58 000 €
- Cote 2008 : 650 000 €
- Cote 2020 : 5 000 000 €
Lamborghini Countach
Changement radical entre la douce Miura et la brute Countach. La première, sensuelle, tout en courbes, est un animal, un félin, prêt à bondir. Sa remplaçante, pourtant œuvre du même Marcello Gandini, passe en force, transforme la moindre rondeur en angle vif, carré, rectangulaire, y compris les passages de roues, les portes, les ailes, les optiques… Un style qui s’est démodé dans les années quatre-vingt, mais qui a été adopté quarante ans plus tard pour la gamme des Lamborghini modernes, toutes les héritières de la Countach, y compris le dernier SUV Urus.
- Période : 1974-1989
- Production : 2 042 exemplaires
- Moteur : V12, 3 929 cm3
- Puissance : 355 ch
- De 0 à 100 km/h : 5s9
- Vitesse maxi : 292 km/h
- Prix neuf en 1980 (en F/€ constants) : 185 000 €
- Cote 2008 : 80 000 €
- Cote 2020 : 450 000 €
AC Cobra
Entre la légèreté et la puissance, Carol Shelby a choisi : il prendra les deux ! Le père de la Cobra est un très bon pilote, vainqueur au Mans en 1959, qui va se lancer avec succès dans la préparation de voitures de course. Avec son énorme moteur V8 monté dans une caisse totalement dépouillée, la plus sportive des voitures américaines de l’histoire (même si son châssis est anglais), va rencontrer de grands succès en course, jusqu’à aujourd’hui, où elle règne sur les épreuves réservées aux anciennes. Cote vertigineuse pour une production US.
- Période : 1962-1969
- Production : 1 226 exemplaires
- Moteur : V8, 4 727 cm3
- Puissance : 284 ch
- De 0 à 100 km/h : 5s5
- Vitesse maxi : 220 km/h
- Prix neuf en 1964 (en F/€ constants) : 62 000 €
- Cote 2008 : 350 000 €
- Cote 2020 : 900 000€
Lancia Stratos
Si tous les amateurs de rallye étaient milliardaires, la cote de la Stratos dépasserait celle de la Joconde. Car s’il n’en reste qu’une, ce sera celle-là. Bien sûr, les autres mythes roulant du rallye peuvent prétendre au Panthéon de l’automobile : Audi Quattro, Alpine A110, Fiat 131 Abarth… Mais la Stratos est la première à avoir été conçue exclusivement au service de la compétition sur route. Suivront la Peugeot 205 T16 et les autres Groupe B des années quatre-vingt à l’usage également exclusif, mais le style de la Stratos restera éternel.
- Période : 1973-1978
- Production : 492 exemplaires
- Moteur : V6, 2 418 cm3
- Puissance : 190 ch
- De 0 à 100 km/h : 6s8
- Vitesse maxi : 237 km/h
- Prix neuf en 1970 (en F/€ constants) : 185 000 €
- Cote 2008 : 80 000 €
- Cote 2020 : 400 000 €
Maserati A6
Quand un constructeur de voiture de course se lance dans la voiture de route, cela donne cette Maserati A6, une bête sauvage, bien plus taillée pour la compétition que pour la balade. Son petit 6-cylindres développait d’ailleurs 170 ch pour seulement 2-litres de cylindrée. Un rendement inconnu en série. On ne se refait pas. Il est intéressant de noter que les seules marques de voitures de sport qui ont survécu à toutes les crises produisaient leur propre moteur : Maserati, Ferrari, Lamborghini, Aston Martin… Comme quoi, le marketing ne suffit pas.
- Période : 1953-1955
- Production : 118 exemplaires
- Moteur : 6 cyl. en ligne, 1 985 cm3
- Puissance : 170 ch
- De 0 à 100 km/h : 6s5
- Vitesse maxi : 235 km/h
- Prix neuf en 1954 (en F/€ constants) : 85 000 €
- Cote 2008 : 650 000 €
- Cote 2020 : 2 100 000 €
Renault 5 Turbo
Dans le monde de la voiture de très grande série, les coups de génie ne sont pas si fréquents. A ne pas confondre avec les outils minimalistes, type Ford T, Coccinelle, Fiat 500 ou Austin Mini. Non, nous parlons des autos capables de s’adapter avec la même facilité à toutes les situations de vie et qui restent dans l’histoire. Il y a eu la Golf et en France, la R5 et la Peugeot 205. Ce n’est pas un hasard, leurs déclinaisons sportives resteront dans les annales. Ainsi, cette 5 Turbo, coup de folie de la Régie Renault, qui restera pour toujours un concept unique.
- Période : 1980-1986
- Production : 4 857 exemplaires
- Moteur : 4 cyl. en ligne + turbo, 1 397 cm3
- Puissance : 160 ch
- De 0 à 100 km/h : 6s9
- Vitesse maxi : 200 km/h
- Prix neuf en 1984 (en F/€ constants) : 50 000 €
- Cote 2008 : 25 000 €
- Cote 2020 : 90 000 €