Eléna Lucas
Ferrari : un business en or

La marque Ferrari est devenue une mine d’or. La vente de véhicules génère une marge plus proche de celle des produits de luxe que de l’automobile. Et il y a tout le reste, du plus respectable, au plus bassement mercantile, qui rapporte beaucoup, beaucoup plus que les voitures.

Si les Ferrari n’ont jamais trahi l’esprit du fondateur -pas de diesel, pas de berline, pas de SUV, pas de petite voiture…-, il semble, en revanche, qu’il n’y ait aucune limite en matière de produits dérivés. Conscients depuis longtemps que tout ce qui porte le cheval cabré se vend instantanément, les dirigeants de la firme de Maranello ne sont pas très regardants sur l’extension de marque. Meilleur exemple, le gigantesque centre de loisirs Ferrari d’Abu Dhabi, pas vraiment dans l’esprit chic et élégant d’une 250 California ou d’une 330 P4. En gros, à peu près n’importe qui peut apposer la marque Ferrari sur à peu près n’importe quel objet, pour peu de s’acquitter du montant de la licence à la maison-mère : des skis, des lunettes, des miniatures, des tapis de souris, des casquettes, des chaussures, des ouvre-bouteilles, des serviettes de bain, que sais-je encore. Mais ça rapporte. Beaucoup. La marque Ferrari est une mine d’or. Sa marge opérationnelle dépasse désormais les 15%, et ce malgré les dépenses somptuaires de la Formule 1, quand celle des constructeurs généralistes oscille entre 0 et 5%, voire en négatif pour certains. Le plus incroyable est que les produits dérivés font plus de chiffre d’affaires que l’activité automobile. Si Enzo l’avait su, il aurait gagné encore plus courses.

  1. La production

Les Ferrari ont beau disposer des dernières innovations technologiques, elles n’en restent pas moins commercialisées à des tarifs hallucinants par rapport à leur prix de revient. Malgré cela, la marque bat tous les ans ses records de production, notamment grâce à l’explosion de la demande chez les nouveaux riches chinois, indiens et russes. Donc, pas d’inquiétude pour l’avenir de la marque.

  1. Les produits dérivés

Très chatouilleux sur les droits liés à l’exploitation de la marque, Ferrari l’est beaucoup moins sur le type d’objet pouvant recevoir le cavalino rampante. La plus grosse manne vient bien sûr des voitures miniatures. Si la production des vraies est limitée à 7 000 exemplaires par an, celle des petites se calcule en millions. Pour le reste, on trouve de tout, y compris du très bas de gamme. A noter que Ferrari dispose désormais de son propre réseau de boutiques dans le monde entier, qui commercialisent les produits vendus sous sa marque : lunettes de soleil, briquets, blousons, tee-shirt, ours en peluche…

  1. Les commandes spéciales

Ah la belle idée ! Vous êtes riche, vous aimez les Ferrari, mais le modèle que vous avez en tête n’existe pas dans la gamme. Aucun problème, le département spécialisé dans les commandes spéciales peut vous la construire. Si vous vous voulez une Daytona cabriolet sur la base d’une California 2015 ou une 275 GTB à partir d’une F12 d’aujourd’hui, ça doit pouvoir se faire, mais tout cela commence à devenir un peu ridicule. Si la maison-mère organise elle-même des copies de ses propres modèles…

  1. Le musée

Certainement la plus respectable de toutes les démarches visant à exploiter le prestigieux passé de la marque. Pendant très longtemps, l’absence d’archives, et plus encore du moindre modèle ancien, dans le fief de Maranello pouvait être considéré comme un véritable sacrilège puisque rien ne permettait de s’inspirer de l’extraordinaire histoire du cheval cabré. Pas même une photo ! Désormais, Ferrari dispose de son musée et a donc récupéré progressivement nombre de ses anciens modèles, mais aussi quelques documents d’archives inestimables.

La visite du Musée constitue un moment agréable, mais on n’y trouve aucune des Ferrari les plus cotées de l’histoire. A la sortie, possibilité de faire un tour dans une vraie 458 pour 100 € le quart d’heure. Décidemment, il n’y a pas de petits profits.

  1. Le centre Ferrari Abu Dhabi

Exemple extrême de la diversification, le parc à thèmes Ferrari propose différents manèges et activités dont la plupart sans rapport avec l’esprit de la marque. Si ce Luna Park du Moyen-Orient met ses visiteurs la tête en bas, nul doute que le pauvre Enzo a dû se retourner dans sa tombe en voyant comment était utilisé son emblème.

  1. Ferrari Corse

Voilà une activité historique qui avait disparu. Le concept compétition-client, très en vogue dans les années 50-60 est maintenant ressuscité. Fer de lance de cette activité, le challenge Ferrari regroupe des gentlemen-drivers de tous horizons qui s’affrontent dans des courses en circuit d’un assez bon niveau. Les pilotes disposent de la même voiture (458 Challenge) et l’organisateur se frotte les mains à mesure que les concurrents se frottent les ailes : les dégâts de carrosseries constituent une véritable mine d’or (2 000 € un rétro par exemple) pour le réparateur.

Autre développement, l’assistance aux propriétaires de Formule 1. Ils sont nombreux de par le monde à avoir pu acquérir une F1 Ferrari pour laquelle la présence d’un technicien de la marque est indispensable.

  1. Ferrari Classiche

A l’origine, le service Ferrari Classiche a été créé pour mettre un peu d’ordre dans les modèles de collection : les vrais, les faux, les authentiques et les contestables. Un comité d’expert de la marque examine chaque cas en examinant le véhicule, en fouillant dans les archives de l’usine (un immense bazar pour rester poli) avant de délivrer ou non un certificat. Une fois marquée du sceau de la maison-mère, n’importe quel modèle prend une cote instantanée. Il s’agit donc désormais d’un formidable business. Les clients paient pour obtenir l’agrément de l’usine et paient encore pour procéder à la restauration de leur petit bijou par les ouvriers de Maranello.

  1. Ferrari Tailor-made

Dernière trouvaille des hommes de marketing de Maranello, à partir de 2012, les clients pourront venir à l’usine afin de se faire tailler leur Ferrari sur mesure. Comme pour Rolls Royce, tout est possible, que ce soit en termes d’équipements bien sûr, mais aussi de coloris extérieur, de sellerie ou de gadgets. Tarifs sur mesure aussi, évidemment.



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