Eléna Lucas
James Bond et Aston Martin

A l’heure où les marques automobiles recrutent des ambassadeurs, souvent plus improbables les uns que les autres, Aston Martin a tout simplement eu l’occasion d’écrire une page de l’histoire du cinéma en acceptant de s’associer, il y a plus de cinquante ans, avec un certain James Bond.

Sean Connery, dans Goldfinger, en 1964. Scène tournée au Col de la Furka dans les Alpes suisses.

Automobile et cinéma ont toujours fait bon ménage. Dans le cas de James Bond, il s’agit même du prolongement du personnage, sa DB5 étant tout aussi ingénieuse, imprévisible, séduisante et indestructible que l’espion qui la conduisait. Si l’Aston Martin reste incontestablement la voiture fétiche de Bond, elle n’en est pas pour autant sa compagne systématique, n’apparaissant que onze fois dans la saga des vingt-quatre films et ayant même complètement disparu durant dix-huit ans, entre 1969 et 1987. Au gré des accords commerciaux entre la production et les constructeurs automobiles, elle fut même remplacée par des marques bien moins exclusives comme BMW.

La DB5 est tellement indissociable du personnage de James Bond qu’elle est réapparue au XXIe siècle avec Daniel Craig, le seul 007 de l’histoire de la série qui ressemble à un espion du KGB.

D’aucuns railleront l’impact réel de la série sur la santé d’Aston Martin, qui n’aura connu que des périodes de difficultés financières durant toute son histoire (y compris aujourd’hui). Mais il faut certainement se poser la question autrement : Aston Martin aurait-elle survécu, aurait-elle été si souvent sauvée de la faillite par des repreneurs providentiels, aurait-elle pu vendre ses produits aussi chers, si elle ne bénéficiait pas d’une telle image et d’une telle notoriété, en partie construites sur l’incalculable succès mondial de l’agent 007 depuis plus de cinquante ans ? Probablement pas, et sans son espion qui l’aimait, Aston Martin aurait rejoint la longue liste des constructeurs britanniques plus ou moins disparus depuis le premier choc pétrolier de 1973. Un cas unique dans l’histoire du cinéma et de l’automobile, qui doit évidemment, aussi à l’auto elle-même.



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