Maxime Toizat
Années 80, années vitesse [côté sport auto]
Au GP du Japon 1989, Ayrton Senna éperonne Alain Prost. Le Brésilien repart, gagne la course, mais est finalement disqualifié, offrant du même coup son troisième titre mondial au Français.

Qui dit vitesse dit, bien sûr, compétition automobile. De ce point de vue, les années 80 ont été particulièrement riches, notamment pour la France, avec les succès d’Alain Prost en Formule 1 et ceux de la 205 Turbo 16 en rallye. Sans oublier le Paris-Dakar qui, couru en janvier, faisait souffler un délicieux parfum d’aventure et d’exotisme au cœur de l’hiver.

Le rallye

Incroyablement performante et efficace, l’Audi Quattro S1 symbolise la démesure des Groupe B qui ne survivront pas aux années quatre-vingt.

Le rallye dans les années 80, ce sont avant tout les terribles Groupe B, tellement performantes qu’elles n’auront couru que 5 saisons, de 1982 à 1986. Leur principe était simple : no limit (ou presque), avec une débauche technologique qui leur permettait d’employer les matériaux les plus sophistiqués afin de contenir au mieux leur poids, tandis que leurs moteurs développaient plus de 500 ch, soit le double des meilleures compétitrices cinq ans plus tôt… Une bataille que ne pouvaient  livrer que les grands constructeurs, à commencer par Audi dont on se souvient de la mythique Quattro S1, pilotée notamment par Walter Röhrl, Stig Blomqvist et Michèle Mouton. Peugeot, Lancia, Ford, Opel et même Porsche étaient aussi de la partie (liste non exhaustive). Las, une terrible série d’accidents lors de la saison 1986 (et notamment celui de Toivonen en Corse) auront raison de ces monstres, dont d’innombrables vidéos disponibles sur le web permettent de saisir la démesure.

Entre 1984 et 1986, la 205 Turbo 16 remportera 16 rallyes du championnat du monde, et les titres « constructeurs » et « pilotes » 1985 et 1986.

La Formule 1

Enzo Ferrari, le Commendatore, disparaît le 14 août 1988. Parmi ses maximes, l’on retiendra celle-ci : « non, le client n’a pas toujours raison ».

En Formule 1, les années 80 seront celles du turbo, qui permettait aux voitures d’atteindre des puissances quasi-surnaturelles : en 1986, les moteurs développeront jusqu’à 1 500 ch en qualifications, pour redescendre à un peu plus de la moitié, soit environ 850 ch, en course. Côté pilotes, si le flamboyant Brésilien Nelson Piquet marque le début de la décennie (titre mondial en 1981 et 1983, puis 1987), le pilote qui aura dominé la période sur le plan sportif est bien sûr Alain Prost, quadruple champion du monde (1985, 1986, 1989, puis 1993). Mais la véritable « star » restera un autre Brésilien, Ayrton Senna (champion du monde 1988, année où l’écurie McLaren-Honda remporte 15 victoires en 16 courses, puis 90 et 91), avec lequel Prost entretenait des relations pour le moins orageuses, dont médias et grand public se sont régalés. A l’époque, l’aspect business, certes déjà prépondérant dans une F1 généreusement soutenue par les fabricants de cigarettes, n’avait pas encore complètement lissé les personnalités… Notons enfin que de nombreux pilotes français, grâce à la filière Elf, accèderont à la catégorie-reine : les Pironi, Tambay, Streiff, Laffite, Jabouille et autres Arnoux (liste non exhaustive) marqueront ainsi la période.

En 1982, alors qu’il reste cinq GP à courir, un accident met fin à la prometteuse carrière de Didier Pironi (à gauche). Mais son avance est telle qu’il termine tout de même l’année vice-champion du monde.

L’aventure du Dakar

Les frères Marreau remporteront le Dakar 1982 avec cette Renault 20 Turbo 4×4 transformée par leurs soins. A l’époque, de vrais amateurs pouvaient gagner la course.

Du sable, de la sueur et des larmes : le Paris-Dakar restera comme l’épreuve mythique des années 80, avec ces magnifiques images souvent prises depuis un hélicoptère de ces voitures, motos et camions lancés à fond de train dans le désert. Neuf-mille km et deux semaines d’évasion, d’aventure et de pur rêve qui attiraient des célébrités comme Albert de Monaco (1985), Michel Sardou (1984, 1985) ou Claude Brasseur (1983). Les (futurs) amis de la terre étaient aussi de la partie : Nicolas Hulot participera comme pilote (Range Rover V8) en 1980, et Yann Arthus-Bertrand couvrira l’évènement comme photographe officiel pendant dix ans (1983-1993). Bien sûr, impossible d’oublier le chanteur Daniel Balavoine (1983, 1985), qui trouvera la mort le 14 janvier 1986 dans le crash de l’hélico de Thierry Sabine dans le désert malien. Côté voitures, l’on se souvient bien sûr des Peugeot 205 T16, Porsche 959 et autres Mercedes Classe G « usine », mais aussi de créations pour le moins baroques, à l’image de la fameuse Rolls « Jules » engagée en 1981. Côté sportif (tout de même…), le Dakar aura notamment permis aux frères Marreau, à René Metge, Jacky Ickx, Patrick Zaniroli, René Metge, Juha Kankkunen et bien sûr à l’immense Ari Vatanen de s’illustrer. De grands noms pour une course de légende.

Typique des « délires » du Dakar, cette voiture qui d’une Rolls n’a que les lignes : châssis tubulaire, carrosserie en fibre de verre, moteur V8 Chevrolet de 5,7 l. et 350 ch, boîte et pont signés Toyota. Sacré patchwork, mais quelle gueule !



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