Les années NON-politiquement correctes
Pour le meilleur comme pour le pire. La majorité à 18 ans en France, la liberté d’expression, le droit à l’avortement, mais aussi la cigarette absolument partout et l’alcool au volant. A croire que le proverbe « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » a été inventé pour les années soixante-dix.
Image incroyable que ce moment où Jacques Chirac, Premier ministre, allume la clope de Simone Veil, ministre de la Santé en plein conseil ! Héritage de mai-68 et du « il est interdit d’interdire », la première moitié des années soixante-dix étaient bien celles de la liberté absolue, y compris d’enfumer son entourage, de rouler alcoolisé, sans casque à moto ou sans ceinture de sécurité en voiture (jusqu’en 1973). Rien d’étonnant à ce que cette période soit la pire jamais enregistrée en matière d’accidentologie routière, avec un funeste record de 18 043 morts en 1972, soit douze fois plus qu’en 2017 si l’on rapporte ce chiffre au nombre de kilomètres parcourus. Il fallait bien que cela cesse.
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Dans les démocraties, la liberté d’expression se répand de façon démultipliée grâce à la télévision. Les humoristes ne sont plus censurés, la télé de moins en moins contrôlée, avec la suppression du ministre de l’Information en 1974, poste nous ramenant aux heures noires de la propagande collaboratrice, occupé dans ces années-là par Pierre Laval ou Paul Marion.
Ce qu’il en reste :
Enormément de bénéfices dans le vivre-ensemble. Bien sûr, on peut penser que les années 2010 sont devenues celles où tout est interdit : l’alcool, la cigarette, la vitesse au volant, la séduction, ou même la liberté d’expression, sournoisement remplacée par le politiquement correct ; ou, à l’extrême inverse, la dictature du web, tout à la fois tribunal public, outil de pensée unique et paradis des tribuns idiots anonymes. Mais, malgré ces dommages collatéraux, nul ne peut contester le caractère indispensable des mesures prises dans ces années-là, qu’elles concernent le droit à l’avortement ou l’évolution des réglementations sur la route. Même si l’on aime passionnément l’automobile.