Si les années soixante sont plébiscitées depuis que la nostalgie est à la mode, la décennie suivante aurait bien besoin d’un plaidoyer destiné à rétablir certaines vérités. Non, les seventies ne représentent pas qu’une période marquée par les chocs pétroliers, l’apparition du chômage, les mode et musique ringardes ou les attentats. Cette époque charnière du modernisme, se voulait une anticipation permanente vers le XXIe siècle, comme en témoignent nombre d’inventions, tendances et événements qui ont façonné notre monde d’aujourd’hui. La preuve.
Oui, la nostalgie est mauvaise conseillère. L’éternelle rengaine du « c’était mieux avant » étouffe souvent l’objectivité. Ainsi, on dit des années soixante qu’elles constituaient l’âge d’or du monde moderne. Beaucoup moins des années soixante-dix, période décriée par le bétonnage des villes, sa mode jugée par la suite épouvantable, ses genres musicaux (variétés et disco) méprisables ; années troubles également, marquées par les guerres froides, l’émergence des dictatures en Amérique du sud, les attentats et les deux chocs pétroliers occasionnant les débuts de ce qui va devenir une conjoncture finalement permanente que l’on appelle depuis, la crise, succédant aux trente glorieuses des décennies d’après-Guerre. En effet, pour la première fois depuis la reconstruction, le chômage s’oriente à la hausse.
Pourtant, les années soixante-dix ont certainement fait bien plus pour l’humanité que les décennies précédentes et, même suivantes sur certains aspects de notre société. Pour notre pays, on pense à la légalisation de l’avortement, la majorité à 18 ans, la fin des bidonvilles, les progrès en matière de couverture sociale, les prémices de l’écologie et la lente arrivée de la technologie dans notre quotidien. A cet égard, l’apparition de l’ordinateur personnel marque l’un des événements les plus déterminants de notre histoire, qui curieusement passera assez inaperçu à l’époque, et dont personne ne célèbre aujourd’hui les anniversaires. Imaginer de nos jours un monde non numérique, démontre bien que cette invention aura été autrement plus importante que le premier pas de l’homme sur la Lune par exemple.
Dans l’automobile, c’est aussi la décennie des prises de conscience. L’obligation de la ceinture de sécurité et du casque pour les motards, l’invention de l’airbag et de l’ABS, et la mise en place d’un taux d’alcoolémie légal conjugué à la naissance des limitations de vitesse, va permettre de faire enfin baisser la mortalité sur les routes, qui atteindra un effroyable pic de 18 034 décès en France au cours de l’année 1972 (5 fois mois aujourd’hui avec un trafic multiplié par 2,5) ! Et côté style, ces années débridées accoucheront de voitures dont le genre fait à nouveau autorité, comme on peut le constater en consultant les photos des concepts-cars de l’époque dans les pages suivantes. Finalement, ce n’était pas si mal les années soixante-dix…