Agnès Botte-Thomas
Road trip : le Tour Auto en Ferrari California T

Ferrari nous promet plus de musicalité de de sportivité. Pour découvrir l’option Handling Speciale de la California T, Car Life a joué les impertinents : prendre le volant au milieu d’un rallye historique, sur les routes du Tour Auto. Balade pour une ballade…

Mais quelle est donc cette bombinette racée qui se permet de franchir l’arche d’arrivée de la course sur l’esplanade de Valence, entre deux vieilles dames tout aussi vrombissantes et qui assument fièrement leur âge ? 

Une jeunette qui défie les créations des années 50 à 70, devenues stars sur le tapis rouge de l’histoire automobile. Pas sûr qu’elle parvienne à rivaliser…

Nous voici donc sur la troisième étape du Tour Auto Optic 2000, entre Lyon et Valence. Les 230 équipages pilotent et bichonnent des montures ayant participé au Tour de France automobile entre 1951 et 1973. Des BMW, Jaguar, Porsche, Ford, Alfa Romeo, Ferrari bien sûr…des petites, des grandes, des musclées, des craquantes, des très rares…

Ambiance gentlemen (et women) drivers, petites routes sinueuses, panoramas à couper le souffle, et surtout, sur le bord des routes, un monde fou. A chaque croisement, devant chaque maison, ils sont là, amateurs d’un spectacle tout simple, pas élitiste pour un sou. Regarder passer de belles autos, écouter ces jolis bruits de moteurs si différents, faire un petit coucou…

C’est dans ce scénario de rêve que notre héroïne du jour se dessine un rôle : la Ferrari California T Handling Speciale. La plus petite des Ferrari ne fanfaronne pas à son entrée sur scène, et moi encore moins. Et pour cause, écoutez plutôt : elle va devoir donner la réplique à vingt-quatre Ferrari mythiques, 250 GT, 275 GTB, 225 S, une 250 GT Berlinetta de 1960… Autres temps, autres mœurs, dirait le poète nostalgique. Mais notre Ferrari moderne s’est parée de quelques arguments convaincants. La California T a été lancée en 2009, moteur V8 avant, toit rigide escamotable et une configuration 2+2 (enfin, un petit +2 !).

Sous sa robe, 560 cv, de la performance, mais aussi de la polyvalence, une belle note d’élégance, que l’on pourrait presque qualifier de discrète, si tant est que l’on puisse employer ce terme dans l’univers du cheval cabré, mais le fait est que cette Ferrari n’est pas la plus démonstrative, et ce côté très compact nous sied en ce jour de Tour Auto !

A l’heure de s’élancer, un concurrent féru d’anciennes, et donc parfois un peu sectaire – disons-le, il existe un certain snobisme de ci-de là qui méprise la présence d’une voiture moderne aux côtés d’une auto d’époque- s’approche et ne peut s’empêcher cette tirade : « Elle est jolie, c’est une voiture qui va bien aux femmes… Et ces cuir et alcantara bruns à l’intérieur sont aussi très féminins ».

Snob et un tantinet misogyne, cela commence mal !

Passons. Oui c’est une Ferrari, racée, au design luxueux, et oui le cuir et l’alcantara bruns lui vont à merveille.

Option discrète, pas de frime

Mais il y a plus fort. Aurai-je alors la bonté d’expliquer à ce monsieur que se cache dans ma monture une option nommée Handling Speciale, accentuant le côté sportif de la machine ? Cachée car la signature de l’option reste sobre, seuls diffèrent la calandre, le diffuseur et les sorties d’échappement côté peinture, et une plaque spéciale a été apposée dans l’habitacle. Non, tant pis pour lui, j’enclenche le moteur, égoïstement, et savoure le son. Plus de son. Mais pas plus de puissance.

Caractéristiques de l’option Handling Speciale, un nouveau système d’échappement et une nouvelle géométrie pour renforcer le son, sans « toucher » aux 560 chevaux ; pour combler sans doute un reproche de manque de musicalité.

Et surtout, un réglage des suspensions spécifique pour plus d’efficacité : la rigidité augmente de 16% à l’avant, 19% à l’arrière. Un nouveau paramétrage de la boîte de vitesse permet un passage des rapports plus rapide. Une California T plus incisive, « malgré une légère baisse de confort », la citation est signée Ferrari en personne.

Munie de tous ces paramètres censés élargir la clientèle de la California T, mais finalement vierge de tout préjugé, et déjà séduite par la virilité sonore de ma machine d’un jour, me voilà partie pour près de 400 kilomètres de petites routes à la mode Tour Auto. Seule dans mon carrosse, à l’air libre. Fantasmagorique. Avouons-le, les paysages sans doute magnifiques des premiers kilomètres n’auront pas effleuré mon extrême concentration mâtinée d’une légère appréhension.

Plus la route se fait sinueuse, plus la conduite se fait agile. C’est une Ferrari, mais pas une voiture de course. Les bolides de course, ils naissent dans mon rétroviseur au fil de la journée, ceux de la compétition, ils sont beaux, leur cri est bien plus rauque, effaçons-nous un instant pour laisser passer cette 275 GTB.

Pas de compétition pour notre California T si ce n’est le défi de suivre l’allure des autres Ferrari modernes, puisque les anciennes sont déjà loin. Son efficacité est redoutable, juste quelques petits doutes quand la route s’encombre de gravillons ou devient trop bosselée !

L’option Handling Speciale est facturée 6 960 euros. Tarif de luxe pour sportive élégante. Jusque-là l’équation semble logique. Les fins techniciens et pilotes apprécieront l’ampleur de la modification apportée par l’option. Les autres (les femmes ?) ne bouderont pas leur plaisir d’une conduite performante dans une belle automobile qui attire toujours les regards, presque trop. Le temps d’une longue balade d’une journée au milieu des reines de l’histoire. Et le soir en se couchant, cette douce sensation physique et réelle d’entendre encore le moteur résonner dans sa tête.