Car Life
Pourquoi les années 60 sont éternelles [1967]

Il y a toutes les décennies, et il y a les années soixante. Une période unique, qui est passée à la postérité de son vivant et n’a jamais cessé d’être à la mode depuis. Une décennie qui nous a donné les voitures les plus mythiques, les sportifs les plus flamboyants, les pilotes les plus héroïques, la musique la plus rock, les acteurs les plus cools, les actrices les plus sublimes, les personnalités les plus historiques, les tendances les plus radicales…

En 2018, en 2019 ou en 2020, il ne se passe pas une journée sans les années soixante. Et ce sera la même chose en 2021, en 2022... Entendre les Rolling Stones ou les Beatles à la radio, célébrer la disparition de Fidel Castro ou de David Bowie, faire référence au Gaullisme ou à Mendes-France, découvrir une nouvelle version de la Mini ou de la Porsche 911, rappeler le grand chelem de Rod Laver (toujours pas égalé !), débattre à l’infini sur qui a réellement tué Kennedy ou Marilyn Monroe, épiloguer sur la rupture et les conséquences de mai-68, relancer les polémiques sur les guerres d’Algérie ou du Vietnam… Les années quarante ont été celles de la guerre mondiale. Les années cinquante, celles de la reconstruction. Les années soixante, celles de la vie, tout simplement. Des années durant lesquelles l’énergie, l’audace, mais aussi la classe, la mode et une certaine forme de modernisme, semblaient pouvoir bouleverser le monde à chaque instant. Pour le meilleur, mais pas seulement. Car si cette période dorée a accouché de quelques merveilles (musicales, automobiles, artistiques, sportives ou cinématographiques), d’un événement pour l’éternité (on a marché sur la lune !), elles sont aussi les années de plomb de la guerre froide et du Mur de Berlin, des vrais conflits sur le terrain en Algérie et au Vietnam, et de la généralisation des drogues dures qui vont occasionner des ravages chez les jeunes.

1967

Citroën DS : mythologie

Les constructeurs automobiles ne parlent que d’audace et de créativité pour lancer leurs nouveaux modèles. Il est donc tout à fait naturel que la Citroën DS, sortie il y a plus de soixante ans, soit encore et toujours citée en référence. Le Véhicule à Grande Diffusion imaginé dans la lignée de la Traction et de la 2 CV est encore révolutionnaire. Crayonnée par l’Italien Flaminio Bertoni, avec André Lefebvre pour l’ingénierie, la Citroën DS est une attraction qui a participé à l’Histoire de France. Du nord au sud (surtout) et de l’est à l’ouest, deux générations ont aligné les kilomètres sur des banquettes portées par l’emblématique suspension hydropneumatique. Voiture française par excellence, elle a participé à sauver la vie du Général de Gaulle lors de l’Attentat du Petit Clamart. Direction assistée, freins à disques, phares pivotants, injection électronique, boîte de vitesses à commande hydraulique, la DS était beaucoup plus d’un dessin inédit, c’était un démonstrateur technologique dont on partage encore les expériences lors de longs déjeuners familiaux.

L’héritière : DS 7 Crossback. L’aura de DS a entraîné la création d’une nouvelle marque plus d’un demi-siècle après la présentation de la grande berline de Javel. D’abord élément de la gamme Citroën, DS est devenu une marque à part entière via les DS 3, DS 4 et DS 5. Avec DS 6, le plus récent des constructeurs français a poussé beaucoup plus loin son concept de modèle français destiné à l’exportation. Le SUV DS 7 Crossback, présenté à Genève le mois dernier, se place dans cette lignée du luxe à la française, porté par une touche de glamour, de technologie et un je-ne-sais-quoi de plus que les autres.

Sportif : Jean-Claude Killy – 1943-

Curieusement, Jean-Claude Killy n’a pas persévéré dans le sport automobile. Pas si étonnant que cela en fait. Le skieur avait pris sa retraite sportive très jeune, à l’âge de 24 ans, certainement pour entamer une seconde carrière sur quatre roues. Manifestement, ce qui l’intéressait n’était pas seulement de participer, mais en tant que sportif de haut niveau, Killy avait parfaitement mesuré la quantité de travail nécessaire pour briller dans cette nouvelle discipline. Il le dira lui-même : "Après 15 ans de tensions, de sacrifices, pour la compétition, je n’avais pas envie de recommencer une vie sur le même mode. Certes, j’étais très jeune quand j’ai arrêté le ski, mais après une carrière très condensée. Il était temps aussi de devenir sérieux ! De plus, je n’avais pas un sou, ce qui en sport automobile n’est pas un avantage". En clair, seule la victoire intéressait Killy, et il pensait ne pas pouvoir l’obtenir en sport automobile. Il participa tout de même brillamment à des grandes épreuves telles les 24 Heures du Mans et les Mille Miglia.

Pilote : Mario Andretti – 1940-

L’Italo-Américain. Né en Italie, déporté par la Seconde Guerre Mondiale, Mario Andretti a grandi avec une obsession : être le nouvel Ascari. Engagé dans un garage avec son frère jumeau Aldo, il montre ses talents de pilote dès ses premiers tours de roue en Formule Junior. Mais l’obtention d’un visa vers les Etats-Unis pour toute sa famille met un coup de freins à sa carrière. Qu’importe, Mario sera pilote. Il recommence ses gammes depuis la Pennsylvanie et gagne partout… Partout où il n’y a pas de F1. Colin Chapman repère enfin le champion US. Il l’invite à participer au Grand Prix d’Italie, mais un député italien sort un article du règlement pour l’empêcher de prendre le départ. Enfin, pour le Grand Prix des Etats-Unis, il découvre l’univers de la F1 au volant d’une Lotus 49 : pole position ! L’Italien devenu Américain décroche enfin le titre en 1978, vingt-cinq ans après Ascari.

Musique : Jimi Hendrix – 1942-1970

Il n’est pas homme. C’est une expérience, une Jimi Hendrix Experience élevée à la démence et à l’électricité. Jazz, rock, blues, funk, il foudroie la décennie par ses rythmes inconnus et ses paroles hallucinées. En 1967, l’expérience devient performance lorsqu’il immole par le feu sa guitare durant un concert à Londres. Ses œuvres marquent l’histoire, jusqu’au spatial Electric Ladyland. Un an après Brian Jones, fondateur des Rolling Stones, et avant Janis Joplin, Jim Morisson, Kurt Kobain ou Amy Winehouse, il est retrouvé mort à Londres et entre dans le Club des 27.

Acteur : Dustin Hoffman -1937-

Porté par les voies de Paul Simon et Art Garfunkel, Dustin Hoffman crève l’écran par la tristesse qu’il dégage dans un rôle du Lauréat dragué par la femme du patron de son père. L’histoire de famille se complique lorsque le mari lui demande de sortir avec sa fille. Cette première apparition remarquée lui offre une nomination aux Oscar et lance sa carrière qui lui apporte deux statuettes pour Kramer contre Kramer et Rain Man. Toujours en activité aujourd’hui.

Actrice : Faye Dunaway -1941-

Beauté froide et sensuelle, Faye Dunaway incarne un modèle de sophistication et de grâce intemporelle. C’est Warren Beatty qui lui donne sa chance en 1967 pour l’accompagner dans une adaptation de Bonnie and Clyde avec un rôle refusé par Jane Fonda ou Leslie Caron. Le film, transgressif à l’époque, est un énorme succès commercial qui fait de l’actrice une déjà-star. Et quand Steve McQueen cherche une partenaire pour une séquence de baiser d’une minute dans L’Affaire Thomas Crown après le rejet de Brigitte Bardot, c’est encore Faye Dunaway qui en profite…

Personnalité : Bernie Ecclestone -1930-

Est-ce Bernie Ecclestone (à droite sur la photo, en compagnie du génial créateur de Lotus, Colin Chapman) qui a fait la F1 ou la F1 qui a fait Bernie Ecclestone ? Mauvais pilote, il choisit une autre manière de vivre la course automobile en devenant manager. Après avoir fait fortune dans l’immobilier, ou dans le détournement d’un train postal (le fameux casse du siècle) c’est selon, il rachète l’écurie Brabham, remporte plusieurs titres et mène surtout une fronde des écuries contre le pouvoir en place. En quelques années, il devient le porte-parole d’un syndicat des teams et oblige la fédération internationale à signer les Accords Concorde qui lui donne quasiment les plein-pouvoirs sur toute l’économie de la discipline. Le sport à la FIA, le business pour lui. Ce n’est qu’en 2017 qu’il se retire, contraint et forcé, après que Liberty Media eut racheté les droits de la F1. Il a 86 ans, est toujours en pleine forme et aurait voulu encore continuer.

Tendance : Les hippies

Un refus de l’ordre établi. Née juste après la Seconde Guerre Mondiale, une nouvelle génération rêve d’un autre avenir et rejette en bloc la soumission au pouvoir et au conformisme. En piochant ses préceptes dans les philosophies orientales, les Hippies s’imposent un idéal de vie centré sur la liberté autant sexuelle que dans la découverte de substances psychédéliques. Regroupés en communauté, ils organisent le Summer of Love à San Francisco avant d’initier les évènements de 1968. Le mouvement planétaire s’estompe de lui-même dès la fin de la décennie.

Et pendant ce temps-là… Guerre des Six Jours. Onze ans après une précédente guerre soldée par une victoire militaire, mais une défaite diplomatique, Israël lance une nouvelle offensive. Mis sous pression par une nouvelle alliance entre l’Egypte et la Jordanie, Israël entame une guerre éclair pour conquérir la Bande de Gaza, la Péninsule du Sinaï, la Cisjordanie et les Hauteurs du Golan. Si le vainqueur de cette guerre s’est depuis retiré de certains territoires annexés, certaines régions restent encore occupées aujourd’hui.